L'objectif affiché est clair : éviter qu’une guerre des chefs n’explose au PS pendant l’été. Martine Aubry et Jean-Marc Ayrault ont donc décidé mardi de s’allier et de signer une "contribution" commune au congrès du PS prévu cet automne.
Et pour être certains que ce texte signera la paix des braves, la numéro un du PS et le Premier ministre souhaitent que cette "contribution" soit soutenue "de façon exclusive" par les dirigeants du parti et les ministres y compris. Bref tous les ténors du parti, sans exception.
Qu’est-ce qu’une "contribution" ?
Pour comprendre de quoi il relève, un petit point de vocabulaire s’impose. En langage socialiste, "une contribution" est un texte d’intention qui constitue la première phase de la préparation du congrès. Les différentes sensibilités du parti ont jusqu'au 18 juillet, date du conseil national du parti, pour déposer la leur. S'il est possible de signer plusieurs contributions, ce ne sera ensuite pas le cas pour les motions, la seconde étape. Ces dernières, représentant en général des courants, seront débattues en congrès.
La contribution qui sera signée par Aubry et Ayrault fera, elle, état de la nécessité, pour le PS, de s’unir et de soutenir le gouvernement. "Le parti socialiste doit jouer tout son rôle pour accompagner et soutenir le gouvernement, maintenir un lien étroit avec les Français, être une force de proposition face aux nouveaux enjeux, poursuivre sa rénovation", estiment ainsi les deux responsables dans un communiqué, qui rappellent leur soutien à la "mise en oeuvre des 60 engagements" du chef de l'Etat pour le quinquennat.
Circonscrire l’aile gauche du parti
Une manière de circonscrire le plus possible les critiques qui pourraient apparaître, notamment du côté de l'aile gauche du parti. Une sorte de verrouillage du parti, selon certains responsables du PS.
Interrogée sur RFI, mardi soir juste après l'annonce, la Marie-Noëlle Lienemann, représentante de l'aile gauche, a d'ailleurs commenté : "le exclusif me paraît un petit peu excessif". "Qu'ils aient une volonté de rassembler très largement me paraît assez normal. Néanmoins, si on a un congrès, c'est pour débattre du fond !", a-t-elle lancé.
Des proches de Martine Aubry et de Benoît Hamon avaient d'ailleurs esquissé, dès lundi, les contours de leur propre contribution. Publiant une tribune dans Libération, Christian Paul avait ainsi argué que ce texte intitulé Pour une gauche durable pouvait "servir de matrice à une contribution".
Mais aujourd’hui la contribution "exclusive" Aubry-Ayrault a-t-elle changé la donne ? Les socialistes semblent en tout cas de plus en plus perdus, perplexe sur les intentions de Martine Aubry. Souhaite-t-elle oui ou non quitter la tête du parti à l’automne ?
Si durant la campagne des législatives, la numéro un du PS avait assuré qu'elle quitterait ses fonctions, elle se montre aujourd’hui plus évasive. A tel point que le numéro deux du parti, Harlem Désir, pourtant désireux d'être candidat, a confirmé lundi qu'il ne le serait pas si Martine Aubry se représentait. Et pour un membre du PS, Martine Aubry ferait même, en signant cette nouvelle contribution, "un pas de plus" vers un nouveau mandat à la tête du parti. En revanche, selon Paris Match, la patronne du PS et le Premier ministre pourraient également souhaiter passer les commandes du parti à Olivier Faure, conseiller spécial du Premier ministre. Bref, les hypothèses s'accumulent, le doute demeure.