Lorsque Martine Aubry rencontre Nicolas Sarkozy, cela fait des étincelles. Le cadre était pourtant policé : la maire de Lille recevait ce jeudi le président de la République pour ses voeux à la fonction publique. Mais, à quelques mois de la présidentielle et après les récents échanges houleux entre PS et UMP, la campagne a fatalement rattrapé les deux adversaires politiques.
Lors de son discours, en présence de Martine Aubry et d'autres élus de gauche, le chef de l'Etat a dit vouloir partager ses voeux aux fonctionnaires "avec tous les élus, que nous partagions ou non les mêmes convictions". "C'est très important que nos concitoyens sachent que nous sommes capables, l'espace de quelques instants, de dominer nos différences pour manifester simplement que la République impose à l'opposition comme à la majorité de savoir se parler et se respecter", a renchéri Nicolas Sarkozy.
Lors d’un aparté à l’issue de ce discours, Martine Aubry a, semble-t-il, voulu prendre le président de la République au mot. "Ce que vous avez dit, vos derniers mots, faites-le partager à Monsieur Accoyer. Et si on pouvait arriver à monter le niveau de ce débat, la République et la France y gagneraient", a-t-elle lancé au chef de l’Etat devant les caméras d’i>télé et de LCI.
Un désaveu cinglant pour Bernard Accoyer
La réponse de Nicolas Sarkozy a fusé : "faites-le partager à François Hollande quand il parle de moi," a lâché le président. "Mais je partage votre avis, d'ailleurs, sur Accoyer", a concédé le président de la République.
L'échange a été saisi par une équipe de LCI :
C’est là un désaveu cinglant pour le président de l'Assemblée nationale. Mercredi, lors de ses voeux, Bernard Accoyer avait lancé à propos de 2012 : "si nous ratons ce rendez-vous de la responsabilité et du courage, les conséquences économiques et sociales pourraient être comparables à celles provoquées par une guerre". La sortie n’avait pas été du goût de la première secrétaire du PS qui, le lendemain, avait estimé que le président de l'Assemblée nationale faisait "honte à notre République".
La fin de l’échange entre Martine Aubry et Nicolas Sarkozy s’est soldée par la promesse mutuelle d'éviter des dérapages dans les deux camps. "Il (François Hollande) ne parle jamais de vous comme Madame Morano et Monsieur Accoyer parlent de nous. En tout cas, moi j'y veille", a fait valoir Martine Aubry. Ce à quoi Nicolas Sarkozy a répondu : "en tout cas, sachez que c'est sincère ce que je vous ai dit. Après, chacun fait ce qu'il veut."
"Faites-le partager, j'essaierai de le faire chez moi", a promis Martine Aubry tandis que Nicolas Sarkozy concluait : "mais je suis sûr que vous essaierez, j'en suis sûr."