La première secrétaire du PS Martine Aubry a jugé mercredi sur RTL "effrayant" de parler de "croisade" à propos de l'intervention en Libye, estimant que le ministre de l'Intérieur Claude Guéant avait commis "un dérapage" et "une erreur d'amateur" en employant ce terme. "C'est plus que malheureux, c'est le mot qu'il ne fallait pas prononcer", a renchérit François Hollande, interrogé sur France 2.
Lundi, au Talk Orange Le Figaro, Claude Guéant a rendu hommage au rôle de Nicolas Sarkozy pour l'intervention en Libye en affirmant: "Heureusement, le président a pris la tête de la croisade pour mobiliser le Conseil de sécurité des Nations unies, et puis la Ligue arabe et l'Union africaine". Le ministre de l’Intérieur a reconnu mardi que le mot de "croisade" "n'était peut-être pas (…) le plus heureux. Selon les informations d'Europe 1, Claude Guéant a précisé : "ça m'est venu comme ça, alors que je voulais parler de l'action du président pour réunir une majorité au Conseil de sécurité.(...) Si on ne peut plus utiliser les mots courants de la langue française, où va-t-on ?" a-t-il conclu.
Premier à dégainer au PS : Jean-Marc Ayrault, le président du groupe socialiste à l’Assemblée nationale qui a fustigé les "propos irresponsables" du ministre de l'Intérieur, Claude Guéant. "Nous ne sommes pas les nouveaux Croisés", a lancé Jean-Marc Ayrault lors du débat sur l'intervention en Libye, mardi, à l'Assemblée nationale.
"Nous ne sommes pas l'Occident contre l'Orient " :
"Nous agissons sous mandat de l'ONU et en étroite concertation avec la Ligue arabe et l'Union africaine" a poursuivi le socialiste sous la bronca des députés de la majorité. "Nous ne sommes pas l’Occident chrétien contre l’islam. Nous combattons au nom de droits universels. Le monde aujourd’hui ne veut plus fonctionner comme au XXème siècle sur la diplomatie de la canonnière, c'est-à-dire l’usage de la force justifiée par le fardeau de l’homme blanc (…) ", a-t-il conclu.
Pour tenter de calmer les esprits, déjà échauffés par le débat sur la laïcité, le Premier ministre François Fillon a rappelé que la France ne conduisait pas "une guerre" contre la Libye mais une "opération de protection des populations civiles" et qu’une intervention au sol était explicitement "exclue".