L'accord trouvé cette semaine à Bruxelles pour sauver la zone euro "arrive trop tard et ne règle rien durablement", estime la première secrétaire du Parti socialiste français.
Martine Aubry a déploré, dans un entretien au Journal du Dimanche (JDD), l’enterrement "de l’indispensable séparation des activités de dépôt et des activités d’affaires sans laquelle les banques continueront à spéculer avec l’épargne des Français". Et ce, alors que les chefs d'Etat et de gouvernement de la zone euro se sont entendus avec les banques pour réduire de 100 milliards d'euros la dette publique grecque et ont porté la puissance du Fonds européen de stabilité financière (FESF) à 1.000 milliards d'euros.
"Les réformes structurelles se font dangereusement attendre"
Par ailleurs, Martine Aubry a reconnu la nécessité d’un accord pour sortir de la crise qui secoue l’Union Européenne. Mais la première secrétaire du PS a aussi noté que "les réformes structurelles se font dangereusement attendre. Le Fonds de stabilité financière n’a pas été augmenté suffisamment pour casser la spéculation. L’austérité généralisée est en train de fabriquer la prochaine récession".
Revenant sur les propos du chef de l’Etat qui a qualifié d’"erreur" l’entrée de la Grèce dans l’euro, Martine Aubry a exprimé sa différence de point de vue. La maire de Lille a surtout retenu que "la crise a été provoquée par la spéculation du système financier contre la dette grecque, et aggravée par une Europe qui, non seulement a été incapable de prendre à temps les décisions qui auraient permis d’y mettre fin, mais a imposé une cure d’austérité qui a cassé l’économie du pays".
"La réponse aurait dû être européenne"
Martine Aubry a également jugé "choquant" de faire appel à la Chine pour sauver la monnaie unique européenne. "Les Européens, en se tournant vers les Chinois, montrent leur faiblesse. La réponse aurait dû être européenne", a-telle confié au JDD dont un extrait est déjà disponible sur le site Internet du journal. "Il fallait consolider le Fonds de stabilité financière en le transformant en banque ou en lui donnant la possibilité de se financer par des eurobonds ou auprès de la BCE. Incapable de le faire, l’Europe se tourne vers la Chine", a affirmé Martine Aubry.