La remise à l'Espagne d’Aurore Martin, la jeune militante basque française arrêtée jeudi, à l’Espagne, fait couler beaucoup d’encre. Cible des critiques, Manuel Valls, accusé d’avoir appliqué un mandat d’arrêt européen (MAE) lui-même controversé. Le plus gênant, pour l’hôte de la place Beauvau, c’est que nombre des reproches viennent de son propre camp, la gauche.
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"Un jeu extrêmement dangereux"
Dans un texte commun, cosigné notamment par trois parlementaires PS, seize élus "socialistes et républicains" se disent "consternés" vendredi. Ils condamnent l'application du mandat d'arrêt européen (MAE) dont elle faisait l'objet depuis 2010 et réclament le "retour immédiat (...) sur le territoire français" de la militante basque. "Nous rappelons que les faits visés par l'Espagne ne sont pas répréhensibles en France : appartenance à un parti politique légal en France et participation à des manifestations publiques", peut-on lire.
, les critiques ont gagné les sphères politiques nationales dans la journée. L’écologiste Noël Mamère a ainsi accusé le ministre de "prend le risque de rallumer le feu". "Il est en train de mettre en péril le processus de paix qui est engagé au Pays basque, alors même que l'ETA a annoncé en 2011 qu'elle déposait les armes", a-t-il estimé, n’y voyant qu’un calcul politicien. "M. Valls joue un jeu extrêmement dangereux dans le but de soigner son image de ministre de l'Intérieur intransigeant", a asséné le député-maire de Bègles
Vals trahit "les principes fondateurs de la gauche"
Le Parti de gauche a lui utilisé la voie du communiqué pour brocarder Manuel Valls, mais aussi François Hollande. "Là où en 2011, Guéant et Sarkozy avaient reculé devant la mobilisation des nombreux soutiens de gauche comme de droite de la militante politique, Valls et Hollande n'ont pas hésité" à bafouer "les libertés d'opinion et d'expression reconnues par notre constitution et trahissent honteusement les principes fondateurs de la gauche", écrit la formation de Jean-Luc Mélenchon.
Même sentiment de trahison chez le NPA. "Ironie de l'histoire, la première exécution du mandat d'arrêt européen contre une ressortissante du Pays Basque Nord risque de voir le jour sous un gouvernement à majorité socialiste. Le NPA réaffirme qu'il n'y aura pas de solution à la question basque sans passer par le droit à l'autodétermination", peut-on lire dans un communiqué.