De l'ailier droit Manuel Valls à l'ailier gauche Montebourg, le premier gouvernement Ayrault rassemble toutes les sensibilités du PS. Toutes les chapelles sont représentées, sans oublier les écologistes.
Annoncé mercredi sur le perron de l'Elysée, par le nouveau secrétaire général de l'Elysée, Pierre-René Lemas, ce gouvernement compte 34 ministres, bien loin des 15 promis par François Hollande. La parité, elle est respectée : 17 femmes siégeront au conseil des ministres.
Fabius, n°2 du gouvernement
Le poids lourds de ce gouvernement gauche multiple, est incontestablement Laurent Fabius. Aujourd'hui âgé de 65 ans, il hérite du portefeuille du quai d'Orsay dans cette première équipe gouvernementale, où Martine Aubry est la grande absente. La première secrétaire du Parti socialiste, ancienne ministre du Travail de Lionel Jospin, avait fait savoir plus tôt dans la journée, alors que les consultations n'étaient pas achevées, qu'elle ne ferait pas partie du gouvernement, en "bonne entente" avec François Hollande.
La maire de Lille, qui ne briguera pas sa succession à la tête du Parti socialiste à l'automne, se concentrera sur son mandat et exercera une liberté de parole qui ne sera pas sans péril pour le président de la République.
Moscovici, le réaliste, à la tête du pôle Economie
Pour affronter la crise, le président français et son Premier ministre ont fait confiance à Pierre Moscovici, qui se voit confier le portefeuille de l'Economie et des Finances alors qu'il visait le Quai d'Orsay. Jérôme Cahuzac, président de la commission des Finances de l'Assemblée, le secondera au Budget.
Michel Sapin (Lire son CV), pressenti pour Bercy, est, lui, finalement nommé ministre du Travail, de l'Emploi et du Dialogue social.
Les trois hommes devront travailler avec un représentant de la gauche de la gauche qui partage pas forcément toutes leurs idées : Arnaud Montebourg (Lire son CV), héraut de la "démondialisation". Il est chargé d'un curieux ministère, celui du Redressement productif.
Peillon à l'Education, Touraine à la Santé
Le député européen Vincent Peillon, agrégé de philosophie, est, lui, nommé ministre de l'Education nationale, portefeuille désormais deuxième dans l'ordre protocolaire. Il sera notamment chargé de mettre en oeuvre la promesse de François Hollande de créer 60.000 postes dans ce secteur en cinq ans.
La députée d'Indre-et-Loire Marisol Touraine, qui a notamment rédigé le projet de François Hollande sur les retraites, est nommée ministre des Affaires sociales et de la Santé. La députée guyanaise Christiane Taubira, candidate du Parti radical de gauche (PRG) à la présidentielle de 2002, hérite du portefeuille de la Justice.
Valls, l'ailier droit
Comme prévu, Manuel Valls (Lire son CV), l'un des hommes à poigne du PS, classé à la droite du parti, dirigera le ministère de l'Intérieur.
De son côté, Jean-Yves Le Drian, un ami de 35 ans de François Hollande, sera le prochain ministre de la Défense. Il avait pris contact durant la campagne présidentielle avec les administrations étrangères, notamment avec l'administration américaine pour préparer le sommet de l'Otan à Chicago, les 20 et 21 mai.
Stéphane Le Foll, autre fidèle de François Hollande, est nommé à l'Agriculture et à l'Agroalimentaire après avoir été écarté de la première mouture du gouvernement.
Hamon, représentant de la gauche de la gauche
La défection surprise de Martine Aubry a rebattu les cartes. Mais, l'aile gauche du PS, que devait incarner la maire de Lille au sein du gouvernement, sera toutefois représentée, notamment par son amie Marylise Lebranchu - nommée ministre de la Réforme de l'Etat, de la Décentralisation et de la Fonction publique -, Benoît Hamon, nouveau ministre délégué à l'Economie sociale et solidaire et François Lamy au poste de ministre délégué à la Ville.
Les moins de 40 ans
Les figures de la jeune garde socialiste font également leur entrée dans le gouvernement. On compte ainsi Aurélie Filippetti, 38 ans, ministre de la Culture, Najat Vallaud-Belkacem, 34 ans nommée aux Droits des femmes et porte-parole du gouvernement.
Delphine Batho, 39 ans, est elle, ministre déléguée auprès du ministre de la Justice, tandis que Fleur Pellerin, 37 ans sera chargée des PME, de l'Innovation et de l'Economie numérique.
Les écolos, seule vraie "ouverture" du gouvernement
Outre le PRG, l'organigramme tient compte des sensibilités de la gauche à l'approche des élections législatives de juin, qui pourraient entraîner un remaniement à l'aune du rapport de forces issu des urnes. Outre le PRG, les écologistes sont intégrés, comme la secrétaire nationale d'Europe Ecologie-Les Verts, Cécile Duflot, au Logement, et Pascal Canfin, ministre délégué au Développement.
Le Front de gauche emmené par Jean-Luc Mélenchon avait déclaré dès avant la présidentielle qu'il ne participerait pas à un gouvernement.
Le premier conseil des ministres du quinquennat Hollande se déroulera jeudi à 15 heures.