Relèvement du plafond du livret A, réforme bancaire, contrats d'avenir, diminution de la taxe sur les carburants… Le gouvernement a fait sa rentrée mercredi matin, ramenant des vacances un lot d'annonces et de projet. À peine le Conseil des ministres terminé, les critiques à la stratégie de l'exécutif n'ont pas tardé à fuser. Morceaux choisis.
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SUR LA POLITIQUE ÉCONOMIQUE GÉNÉRALE
Jean-François Copé, secrétaire général de l'UMP, tire à boulets rouges dans un communiqué et dénonce une stratégie "inefficace" et coûteuse pour les contribuables. "La rentrée politique de François Hollande et de son gouvernement s'inscrit dans la droite ligne des 100 premiers jours, marquée par l'indécision, l'irresponsabilité et le manque de courage et de stratégie économique", tacle le député de Seine-et-Marne. "Jean-Marc Ayrault continue d'égrener les mesurettes inefficaces et les dépenses qui ne se traduiront demain que par des impôts supplémentaires. Notre ambition devrait être de nous rapprocher de l'Allemagne, ces décisions vont nous ramener à l'Espagne", ajoute-t-il.
Alpagué par Jean-Marc Ayrault mercredi matin sur BFMTV, Jean-Luc Mélenchon a vivement répondu au Premier ministre au micro de la chaine d'information continue. "Avec une telle politique d'austérité vous allez amener le Vieux Continent à un désastre. Vous êtes dans des rêves, dans un monde qui n'existe plus. Un monde tranquilou, à la papa, où l'on peut prendre son temps, alors que les gens souffrent et que toute l'économie du continent est en train de sombrer", a lancé le député européen, n'hésitant pas à tutoyer le Premier ministre.
À l'autre bout de l'échiquier politique, Florian Philippot, vice-président du FN, critique un gouvernement "de paille". "Tant qu'on reste dans ce cadre ultralibéral européen ce ne sont que des mots, beaucoup de mots qu'on enchaîne, on fait des missions, des commissions, des rapports, mais il n'y a pas beaucoup de concret. On a l'impression d'avoir dans la crise un gouvernement de paille là ou il faudrait un gouvernement d'acier, et si le vent de la crise souffle un petit peu plus fort, eh bien le gouvernement de paille s'envolera", ironise le frontiste.
SUR LE LIVRET A
Benoist Apparu, ancien ministre du Logement, estime lui que relever le plafond du livret A n'a aucune utilité pour le financement de la construction de logements sociaux. "Je ne doute pas de la bonne foi du gouvernement, mais je me dois de lui dire : c'est une mesure à impact zéro. Toucher aux taux d'intérêt aurait une utilité, mais augmenter les ressources disponibles - déjà sous-utilisées - est un non-sens", assure le député UMP de la Marne dans un communiqué.
Le député centriste Jean-Christophe Lagarde a, sur le même sujet, renchérit sur Twitter. "Remonter le plafond du livret A est une absurdité économique et sociale. Ça ne sert qu'aux gens qui ont beaucoup d'argent et finance le logement social sur de l'épargne de court terme au lieu du long terme", regrette-t-il.
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SUR LES PRIX DU CARBURANT
Le président UMP de la commission des finances du Sénat, Philippe Marini, estime, lui, que les mesures proposées par Jean-Marc Ayrault pour faire face à la hausse des prix du carburant ne vont pas assez loin. Le Premier ministre a annoncé une future diminution de taxe sur les carburants "modeste et provisoire, en attendant de mettre en place un mécanisme qui régule le prix des carburants." Il a toutefois exclut un retour à la TIPP flottante. "Si la baisse est 'modeste', le consommateur s'en rendra-t-il compte ? Si elle est 'provisoire', que se passera-t-il lorsque les règles du marché reprendront leurs droits ?", tacle Philippe Marini.
Le sénateur UMP est rejoint sur ce constat par Jean-Vincent Placé, président du groupe écologiste au Sénat, qui a réagi sur BFM-TV. "Je ne pense pas que ce soit ce type de mesure circonstancielle qui puisse résoudre le problème extrêmement important que rencontrent nos entreprises et nos ménages par rapport au coût de la facture énergétique, par rapport au prix de l'essence", juge l'écologiste.
Et lui de proposer de se "tourner vers une aide directe aux ménages les plus défavorisés et qui ont besoin d'une aide publique pour compenser cette baisse dramatique du pouvoir d'achat".
L'ancienne ministre du Budget, Valérie Pécresse, prédit, elle, que la mesure va retomber sur les contribuables. "Cette mesure est clairement un marché de dupes pour les Français, parce que si Jean-Marc Ayrault baisse les taxes sur les carburants, il faudra bien qu'un autre contribuable paye pour que le déficit budgétaire ne s'aggrave pas, donc on va donner aux consommateurs d'essence une baisse de taxe, et on fera une hausse d'impôts par ailleurs sur d'autres taxes, donc en réalité on reprendra d'une main ce qu'on donne de l'autre", a insisté la députée UMP des Yvelines au micro d'RTL.
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