Contexte. Jean-Marc Ayrault qui lance une grande réforme fiscale, qui amorce la concertation dès lundi, qui veut remanier le trésor et le budget… Le Premier ministre est partout depuis quelques jours. Selon Caroline Roux, éditorialiste politique d'Europe 1, la raison est simple : il en a assez des critiques et des rumeurs le donnant partant à chaque nouveau couac. Jean-Marc Ayrault a donc voulu montrer qu’il était toujours là, et bien là.
Les ministres mis de côté. Un de ses proches l’assure : "il en a eu marre qu’on le prenne pour un nul, qu’on dise qu’il n’incarne rien et qu’il sera viré à la première occasion". Il y a trois semaines, Jean-Marc Ayrault décide de reprendre la main en proposant à François Hollande de lancer une vaste réforme fiscale. Stratège, le Premier ministre demande à l’un de ses intimes de prendre d’abord la température auprès de certains barons socialistes. Ses ministres ont-ils été informés ? Pour éviter que chacun d’entre eux ne donne son avis au chef de l’Etat, Jean-Marc Ayrault les tient, au contraire, à l’écart. Et ce n’est que samedi, après un tête à tête avec le président, que l’arbitrage final est rendu.
"Il ne pouvait pas se laisser massacrer sans bouger". Si le Premier ministre a décidé de reprendre la main de façon aussi visible, c’est qu’un événement particulier a eu raison de sa patience. La charge de Malek Boutih, qui a réclamé sa démission dans un entretien au Parisien, a été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase de sa tolérance. Cette fois, comme le confirme un de ses proches, "il ne pouvait pas se laisser massacrer sans bouger, en attendant gentiment de se faire virer après les municipales..."
Réussir ou partir. L’heure était venue de lancer sa contre offensive politique. Jean-Marc Ayrault est donc désormais en première ligne dans le projet de réforme fiscale annoncé. "Il aura réussi si il parvient à redonner du sens à l’impôt, montrer que ce n’est pas une sanction", estime un socialiste très influent au parti. "Cette opération, c’est un coup de poker", admet un ami du Premier ministre. Un coup de poker car Jean-Marc Ayrault, s’il a eu le feu vert de François Hollande, est seul. S’il réussit, il sauve sa place. S’il échoue, il pourrait bien faire ses valises après les prochaines élections, municipales et européennes.