Les Jeunesses nationalistes révolutionnaires (JNR) vivent probablement leurs dernières heures. Jean-Marc Ayrault a en effet réclamé samedi au ministre de l’Intérieur "d'engager immédiatement" le processus de dissolution de ce groupuscule d’extrême droite, trois jours après l’agression mortelle du militant antifasciste Clément Méric, 18 ans, en plein Paris. Une information judiciaire pour "homicide volontaire" a été ouverte samedi visant le principal suspect, Esteban, la victime ayant succombée suite aux coups qu'il a reçus au visage et non à sa chute, a annoncé le procureur de Paris, François Molins.
La rixe mortelle, mais pas seulement. Les services du Premier ministre ont précisé que la procédure lancée samedi reposait sur des éléments antérieurs et "plus larges" que la rixe au cours de laquelle Clément Méric a trouvé la mort. Car les cinq personnes mises en cause dans le décès de Clément Méric, dont l'auteur présumé des coups mortels, ne sont pas membres des JNR. Ce sont des sympathisants du groupuscule Troisième voie, créé en 2010, dont les JNR constituent une sorte de service d'ordre. Des éléments de renseignement laissent notamment penser que les JNR, qui compteraient entre vingt et trente membres, étaient en passe de constituer un "groupe de combat", ce qui ouvre la voie à une éventuelle dissolution.
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Valls sera "impitoyable". Depuis Villeneuve-sur-Lot, où il est en déplacement, Manuel Valls a prévenu qu’il irait jusqu’au bout dans la procédure. "Nous sommes très déterminés et nous serons même impitoyables à l'égard de ceux qui nient les valeurs de la République, qui portent la haine", a déclaré le ministre e l’Intérieur lors d'une visite de soutien au candidat PS à l'élection législative partielle dans le Lot-et-Garonne, prévue le 16 juin. "Ce qu'a dit le procureur atteste de la nécessité de cette procédure", a-t-il justifié.
"Ayrault met en pièce l'intelligence". Le leader des Jeunesses nationalistes révolutionnaires (JNR) Serge Ayoub a condamné la décision de Jean-Marc Ayrault. "C'est bizarre, ils ne sont pas impliqués dans l'affaire", a déclaré celui qui est appelé "Batskin" dans le milieu skinhead. Les JNR, "ça n'a pas de statut, pas de structure juridique, ça n'existe pas", dit-il. "En voulant mettre en pièces l'extrême droite, Ayrault met en pièce l'intelligence", ajoute-t-il.
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