Le Premier ministre a érigé Marseille comme l'une des priorités du gouvernement. Ce séjour de deux jours, ponctué de visites et rencontres avec les acteurs locaux, sera donc très studieux pour Jean-Marc Ayrault. Après la présentation d'un plan global pour endiguer la criminalité et réduire les inégalités sociales, le chef du gouvernement a entamé lundi son immersion dans la cité phocéenne.
"Je suis ici pour rencontrer tous les acteurs du projet de redressement de la métropole marseillaise", a déclaré à la presse le Premier ministre depuis la préfecture des Bouches-du-Rhône, où il a pris ses quartiers jusqu'à mardi. Une des pistes du plan consiste à fondre les intercommunalités de la région au sein d'une seule et même métropole, mais le projet est loin de faire l'unanimité dans le voisinage de la deuxième ville de France. Même à gauche.
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• Arrondir les angles avec l'UMP
Pour convaincre, Jean-Marc Ayrault a pris le soin de recevoir les élus de tous bords politiques. Il s'est d'abord entretenu avec le maire UMP de la ville Jean-Claude Gaudin, qui s'est récemment opposé au ministre de l'Intérieur Manuel Valls sur les zones de sécurité prioritaires.
"Le Premier ministre, ces derniers jours, a fait beaucoup de promesses sur Marseille et sur l'agglomération. Certaines seront mises en œuvre, je serai, bien entendu, très vigilant à la façon dont les choses se passeront", a prévenu le premier magistrat de la ville. Satisfait des renforts annoncés dans les forces de l'ordre et de l'extension de la zone de sécurité prioritaire dans le sud de la ville, le sénateur-maire s'est engagé à trouver des "locaux" pour l'accueil des enfants de moins de trois ans à l'école maternelle, que le gouvernement veut développer dans la ville.
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• "Sortir des paralysies"
Concernant la métropole que Matignon appelle de ses vœux, pour gommer les inégalités de ressources entre Marseille, la pauvre, et sa riche périphérie, Jean-Claude Gaudin a rappelé au chef du gouvernement que "les hostilités proviennent surtout de ses amis" socialistes dirigeants d'intercommunalités, plus que dubitatifs devant le projet.
Jean-Marc Ayrault tentera, mardi matin, de convaincre ces derniers. "Il faut sortir des paralysies, des jeux personnels, pour mobiliser tous les acteurs et engager concrètement la décision du gouvernement de créer ici une métropole puissante", a-t-il martelé. Le Premier ministre a également reçu le président PS de la communauté urbaine de Marseille, Eugène Caselli, pour qui la métropole "nécessitera une période de concertation au-delà de laquelle chacun devra prendre ses responsabilités". Il s'est enfin entretenu avec Jean-Noël Guérini, patron socialiste du Conseil général des Bouches-du-Rhône.
Cet entretien revêtait un caractère particulier puisque avec Jean-Noël Guérini, mis en examen dans une affaire de marchés publics présumés frauduleux. Il est depuis des mois persona non grata parmi les socialistes, qui se sont longtemps opposés à son sujet. Le sénateur, qui a depuis mis 100 millions d'euros sur la table pour aider Marseille, a souhaité "un débat apaisé sur la métropole", disant avoir "entendu avec satisfaction que rien n'était figé" en la matière. Jean-Marc Ayrault a également consulté en milieu de journée Michel Vauzelle, le président PS de la région Paca.
• Convaincre l'intercommunalité
Ce projet dévoilé la semaine dernière suscite des réticences. Réunis à Arles vendredi dernier, les présidents des intercommunalités soulignent qu'aucune loi ne peut leur imposer une métropole. "En quoi l'intégration forcée d'Aix, Martigues, Aubagne, Salon ou Ouest Provence dans une grande métropole ferait reculer la misère ou l'insécurité à Marseille ?", s'interrogent-ils.
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Jean-Marc Ayrault va continuer à rencontrer dans la soirée les parlementaires du département, toutes tendances confondues, puis des "acteurs de la société civile" lors d'un dîner en préfecture. A plan global, réponse globale. Outre ce projet de plan global, le Premier ministre a révélé qu'un "plan d'action" contre l'antisémitisme et le racisme serait présenté "dans les prochaines semaines".