Ayrault le "droitdelhommiste" en Russie

Ayrault et Medvedev à Paris. © MaxPPP
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En visite en Russie, le Premier ministre promet d'aborder avec "franchise" la question des droits de l'Homme.

L’INFO. Ne lui parlez plus de Leonarda ou d’écotaxe. Non, en cette fin de semaine, c’est la diplomatie dont va parler Jean-Marc Ayrault. Lors de sa visite de deux jours en Russie, qu’il entamera jeudi, le Premier ministre doit notamment s'entretenir avec le président russe, Vladimir Poutine, et son homologue, Dmitri Medvedev. 

"Examiner les problèmes et contribuer à leur règlement". C’est un des sujets sensibles à aborder avec Moscou, mais Jean-Marc Ayrault a promis qu’il ne se défilerait pas. "Les droits de l'Homme font partie intégrante de la politique étrangère de la France", a-t-il ainsi prévenu dans le quotidien économique russe Kommersant. "Dans tous leurs déplacements, en Russie comme ailleurs, les autorités françaises les évoquent, avec franchise et dans le respect de leurs interlocuteurs", a-t-il ensuite assuré. Et si la Russie a été récemment pointée du doigt pour sa législation homophobe, Jean-Marc Ayrault prévient qu’ "il ne s'agit ni de juger nos partenaires, ni de nous ingérer dans leurs affaires intérieures, mais d'examiner les problèmes, lorsqu'il y en a, et de contribuer à leur règlement". "Bien entendu, mon intention est de respecter cette ligne de conduite à l'occasion de ma visite en Russie", assure le Premier ministre.

Parmi les sujets sensibles figure notamment le sort d'un Français membre de Greenpeace emprisonné depuis la mi-septembre avec une trentaine d'autres militants et inculpé pour "hooliganisme", passible de sept ans de prison. Ils avaient tenté d'escalader une plate-forme pétrolière du géant Gazprom pour en dénoncer les risques écologiques.

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"La France est naturellement prête à travailler avec la Russie". La situation intérieure russe ne sera évidemment pas le seul sujet abordé. La question syrienne occupera une place de choix dans les discussions. "Face à l'utilisation par le régime de Damas d'armes chimiques contre sa propre population (...) la France s'honore d'avoir estimé, comme bon nombre de ses partenaires, qu'il n'était pas possible de rester sans réaction", s’est encore félicité le Premier ministre français, assurant que "sans cette pression française, "il n'y aurait pas eu d'avancées dans le démantèlement de l'arsenal chimique syrien, dont Bachar al-Assad niait l'existence même dans la presse internationale".

Et, en bon diplomate, Jean-Marc Ayrault n’a pas oublié d’adresser un bon point à ses homologues russes : "je me réjouis que la Russie ait pris l'initiative et qu'il ait été possible de surmonter un trop long blocage du Conseil de sécurité en adoptant, le 27 septembre, la résolution 2118 à l'unanimité", a-t-il ainsi déclaré. Selon lui, "l'objectif est désormais de faire de Genève II un succès". "Cela implique de créer les conditions pour que la coalition nationale syrienne y participe et que la conférence débouche sur la mise en place d'un gouvernement de transition doté des pleins pouvoirs exécutifs, y compris ceux de la présidence", précise le chef du gouvernement. "La France s'y emploie. Elle est naturellement prête à travailler avec la Russie et nous en parlerons sans aucun doute avec Dmitri Medvedev", a-t-il conclu.