Ce sera donc Jean-Marc Ayrault. François Hollande a choisi, mardi, le député de Loire-Atlantique pour occuper Matignon et le fauteuil de Premier ministre. Le maire de Nantes, un fidèle du chef de l'Etat, était cité comme favori pour le poste depuis plusieurs jours déjà.
Comme François Mitterrand en 1981, François Hollande a confié la conduite de son premier gouvernement à un grand élu, discret et prudent, qui devra gagner la bataille des législatives.
Une complicité avec Hollande
Pourquoi lui ? "Un Premier ministre doit avoir une grande complicité personnelle avec le président et, en tant que chef de la majorité, lui doit bien connaître les parlementaires. Deux conditions remplies par Ayrault", explique à Europe1.fr le politologue Gérard Grunberg, directeur de recherche au CNRS. Le président du groupe PS à l'Assemblée est effectivement "un choix de confort, qui ne pose pas problème", confirme un proche. Ami du président, il "a la confiance" de François Hollande, et est germanophone. C'est un homme pondéré qui "connaît très bien les mécanismes parlementaires".
Le député de Loire-Atlantique (Lire son portrait) a également l'habitude de travailler avec le président de la République. Les deux hommes sont très liés depuis 1997, lorsque Lionel Jospin devint Premier ministre, François Hollande patron du PS et Jean-Ayrault, président du groupe PS à l'Assemblée. Pendant toutes ces années Jospin, les deux hommes se sont notamment croisés au "petit déjeuner du mardi matin" à Matignon, réunion de "calage" d'un parti socialiste au pouvoir.
Un grand sens politique
"Un Premier ministre doit également être doté d'une expérience politique", ajoute Gérard Grunberg. Condition que remplit encore un Jean-Marc Ayrault, élu député depuis ses 27 ans. Rouage essentiel du PS, il dirige, en effet, le groupe PS à l'Assemblée depuis 15 ans. Et celui qui n'a jamais connu de défaites électorales a - à chaque étape de la vie de PS - su garder l'unité son groupe.
Cependant, Jean-Marc Ayrault n’a pas d'expérience gouvernementale. Certains de ses opposants ont en outre rappelé qu'il avait été condamné en décembre 1997 à six mois de prison avec sursis et 30.000 francs (4.600 euros) d'amende pour favoritisme dans l'attribution d'un marché public.
Une affaire dans laquelle sa "probité personnelle" n'a "jamais été mise en cause", selon l'intéressé. En outre, cette condamnation a été "anéantie par une réhabilitation intervenue en 2007" et "l'invoquer" revient à se mettre "en infraction avec la loi pénale", rappelle à l'envi son avocat.
Une personnalité discrète
En tous cas, "Ayrault ne volera pas la vedette à Hollande. Il pourra lui aussi jouer les hyperprésidents !", persifle mardi un membre de la droite, soulignant que la personnalité discrète du nouveau Premier ministre ne fera pas d'ombre à François Hollande.
Le chef de l'Etat n'avait pas intérêt "à nommer un chef de l'exécutif bis", reconnaît Gérard Grubnerg... Mais cette "qualité" n'est pas ici déterminante, puisque "dans la Ve République, le président de la République a, de fait, toujours le dernier mot", ajoute le politologue.
A 62 ans, Jean-Marc Ayrault entre donc à Matignon. Sa première tâche ? Dévoiler d'ici à mercredi, en fin de journée, la liste de son gouvernement.
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