L’INFO. Après les polémiques sur la loi famille, un autre sujet de société est de retour à la Une : la question à haut risque de l'intégration des immigrés. Le Premier ministre va présenter mardi en fin d'après midi une série de mesures célébrant le modèle républicain. Pas question toutefois de relancer la polémique comme lors de la mise en ligne par Matignon, en décembre 2013, d'une série de rapports commandés à des chercheurs. L'un d’entre eux préconisait, notamment, de revenir sur la loi interdisant le voile à l'école. Le gouvernement se sait attendu au coin du bois par l'UMP sur cette thématique.
"Pas de mesure spectaculaire". Montrer qu’il n’a pas renoncé à agir en matière d’intégration, sans remettre le feu aux poudres, tel sera le défi de Jean-Marc Ayrault. Il n’y aura "pas mesure spectaculaire", a d’ailleurs d’ores et déjà prévenu le gouvernement. Certaines des idées avancées ici ou là dans la presse, comme la discrimination positive pour entrer dans la fonction publique, ne seront finalement pas reprises. Et avant de promouvoir l’apprentissage de l’arabe et du chinois, le Premier ministre va d’abord insister sur la nécessité de maîtriser le français et les valeurs républicaines.
Cela "risque de brouiller le message". L’une des principales annonces sera la création d’un poste de délégué interministériel qui sera chargé de coordonner la politique d’intégration, sous la tutelle de Matignon. Une question demeure : est-ce le bon timing, alors que de nombreuses critiques s’élèvent déjà à gauche ? Au sein même du gouvernement, un ministre estime par exemple qu'après le "fiasco" sur la loi famille la semaine dernière, "il n’était pas vraiment utile de repartir sur un autre sujet de société forcément très clivant." Un député socialiste confie quant à lui que cette journée consacrée à l’intégration "risque de brouiller le message" alors que la majorité est censée être concentrée sur la lutte contre le chômage et sur le pacte de responsabilité.
Le Premier ministre marche donc sur un fil, mais "ce sera toute la République, rien que la République", précise un de ses ministres afin d’éviter par avance tout procès d’intention sur une éventuelle dérive communautariste. Sauf qu’en pleine campagne municipale, certains socialistes estiment que le gouvernement prend encore le risque de donner le bâton pour se faire battre.
INTERVIEW E1 - Valls veut "inclure et intégrer"
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