L’INFO. Un brainstorming à huis clos. Ou une séance de calinothérapie, au choix. Voilà à quoi ont été invités les députés socialistes, lundi, par Jean-Marc Ayrault. La raison ? Mettre fin à la friture sur la ligne qui existe entre les élus et l’exécutif. Beaucoup de ces hommes de terrain regrettent en effet de n’être considérés que comme de simples machines à voter les tes textes présentés par le gouvernement. Laurent Baumel, député d’Indre-et-Loire, l'a confirmé au micro d’Europe 1 : "le pouvoir exécutif gagnerait à s’appuyer davantage sur l’apport collectif des députés socialistes, qui sont au contact des électeurs. Nous sommes là pour soutenir le président (…) mais nous ne sommes pas des godillots". En témoigne l'abstention de 35 des 293 députés socialistes et apparentés sur le projet de loi sur la sécurisation de l'emploi.
Hollande au banc des accusés. La grogne gagne du terrain. L’opération transparence du patrimoine lancée par le chef de l’État en réaction à l’affaire Cahuzac a agacé les élus, qui se sont sentis stigmatisés. "Tu nous jettes en pâture, tu mets les élus à l'index, mais ce n'est pas la transparence qui permet le contrôle et évite le mensonge", a ainsi lancé au président Claude Bartolone, président de l’Assemblée nationale, selon le Journal du Dimanche.
Être plus écouté par le grand patron, voilà ce que les députés socialistes réclament. Jean-Marc Germain, élu des Hauts-de-Seine et proche de Martine Aubry, lui demande ainsi "d’assumer être le vrai chef de la majorité, ce qui lui permettrait d’entendre ce qui se passe au Parlement, au parti, dans le pays, et de prendre les décisions de manière collégiale."
"On refait les réglages". Beaucoup de doléances donc avant même la tenue de ce séminaire. A écouter le porte-parole des députés PS, Thierry Mandon, au micro d’Europe 1, cette thérapie de groupe est nécessaire. "On n’est pas au mieux de notre forme dans les sondages donc les députés ont aussi leur forme de souffrance au travail. Aujourd’hui (lundi, ndlr), c’est un recalage entre le groupe et les ministres. Au bout d’un an, on refait les réglages, on va sûrement changer quelques boutons et on espère que ça fonctionnera beaucoup mieux après". Jean-Marc Ayrault à l'obligation de se montrer convaincant. Car déjà, un député menace : "si le Premier ministre se contente de venir faire de la calinothérapie, ça ne suffira pas."
Les débats débordent sur mardi. Preuve de l'attente des socialistes, le séminaire ne s'est pas terminé à l'heure et a été reporté à mardi matin. Au bout d'une heure et demi de débats, Jean-Marc Ayrault a dû quitter la réunion pour se rendre à un débat à l'Assemblée sur l'intervention française au Mali. Dès son arrivée à la réunion pourtant, le Premier ministre a tenté de cajoler sa majorité et de leur témoigner de l'importance. "Onze mois après le changement de majorité, la tâche est immense et l'état du pays que nous avons trouvé très dégradé. Je suis venu donner un message de confiance et d'espoir aux députés: sans eux, et surtout sans les Français, on ne pourra pas réussir. Nous pouvons réussir à condition que chacun s'y mette, se rassemble et aille à l'essentiel. Je porte le message de la réussite de la gauche pour que notre pays se porte mieux et il y a énormément de travail à faire", a-t-il développé.
Mais les députés frondeurs ne se contenteront pas de ça. Selon des témoins, les débats se sont tenus sans éclats de voix, mais la discussion a été "franche". "J'espère que ce ne sera pas une coup pour rien", a prévenu auprès d'Europe1 un député en sortant. "Si le Premier ministre se contente de venir faire de la calinothérapie, ça ne suffira pas", a renchéri un autre. Alors mardi, le Premier ministre a remis le couvert. Il a promis aux élus de mieux les associer en amont aux décisions gouvernementales. Annick Lepetit (photo), porte-parole du groupe PS, a assuré le service après-vente de ce séminaire en résumant l'intervention de Jean-Marc Ayrault en trois mots : "Force, cohérence, solidarité". Tout un programme.