Claude Guéant est victime d'un procès d'intentions. Pour le ministre de l'Economie, François Baroin, cela ne fait aucun doute. Invité du Grand Rendez-vous Europe1 – i>TELE – Le Parisien – Aujourd’hui en France, François Baroin a loué les valeurs républicaines du ministre de l'Intérieur, au coeur d'une nouvelle polémique depuis samedi soir. Lors d'un discours prononcé à huis clos devant l'Uni, association étudiante de droite, Claude Guéant a affirmé que "contrairement à ce que dit l'idéologie relativiste de gauche, pour nous, toutes les civilisations ne se valent pas".
"Je suis toujours très frappé de voir l’exploitation des déclarations de Claude Guéant en particulier et d’un ministre de l’Intérieur de droite en général", a souligné François Baroin. "Ça a toujours été le cas et la période électorale actuelle favorise ce type d’exploitation. Claude Guéant est un profond républicain", a ajouté le ministre de l'Economie, tout en insistant sur le fait qu'il ne connaissait "pas le cadre dans lequel il l’a fait".
"Franchement, s’il préfère l’Etat de droit, la démocratie, la liberté, ce que l’on semble comprendre plutôt que la tyrannie et l’oppression, les femmes opprimées, une fois encore, c’est une polémique de plus", a insisté François Baroin. "Je préfère la Liberté, l’Etat de droit et la Démocratie. C’est d’ailleurs l’une des raisons de mon combat politique", a renchérit le ministre.
"La période électorale actuelle favorise ce type d’exploitation" :
"Pas de vocation polémique"
A moins de 80 jours du premier tour de l’élection présidentielle, le ministre de l'Economie a donc dénoncé une polémique artificielle. "De ce que l’on exploite, dit comme cela, je ne vois pas très bien quel Républicain peut contester cette position", a martelé François Baroin. "Mais c’est "les civilisations ne sont pas égales" donc on en fait un fantasme : d’un côté il y a les bonnes, d’un côté il y a les mauvaises. Nous sommes un pays de liberté. Nous sommes dans un Etat de droit. Les membres de ce gouvernement sont de profonds républicains comme l’immense majorité des responsables politiques", a fait valoir le membre du gouvernement.
"Je crois savoir que c’était une réunion à huis clos donc s’il avait voulu porter un message de cette nature, je crois qu’il l’aurait fait à une tribune", a conclu le ministre. Un argument repris également par le président de l'Uni, Olivier Vial. "Ce discours très général, très serein, posé et républicain a été prononcé dans une configuration de colloque, pas de meeting. Il n'avait aucune vocation à être polémique, ce n'était pas une harangue", a-t-il fait valoir.
Le ministre du Travail Xavier Bertrand a trouvé dimanche "surprenant" que les déclarations de Claude Guéant sur les civilisations "fasse polémique". "Tyrannie ou démocratie ? Votre choix est fait, comme moi, évidemment. Civilisation de progrès plus que civilisation de régression ? Vous pensez comme moi. Une civilisation qui revient en arrière alors que toute l'histoire des peuples, toute l'histoire du monde va vers le progrès, les droits de l'homme, l'émancipation de la femme. C'est surprenant que ça fasse polémique", a-t-il déclaré, lors du "Grand entretien" RCJ.
Guaino : "l'hystérie permanente des débats"
Le ministre de la Défense, Gérard Longuet, a estimé de son côté sur RTL que la phrase de Claude Guéant était "intéressante dans son contexte" et qu'il fallait "condamner le relativisme". "Tout ne s'équivaut pas, je crois que le respect de la personne, le respect de la femme est un devoir absolu. Or, il y a des sociétés qui ne le respectent pas, il faut savoir, il faut le dire".
Henri Guaino, conseiller spécial de Nicolas Sarkozy, a quant à lui dénoncé "l'hystérie permanente dans les débats". "On peut être d'accord, on peut être en désaccord (...) Si on pouvait en débattre sans hystérie, sans anathème, sans hurlement inutile, on s'en porterait mieux. M. Guéant est tout sauf un raciste !", a affirmé Henri Guaino, invité de "Dimanche +" sur Canal +.
Rachida Dati s'est également dit "choquée" par la réaction du PS qui cherche "la polémique permanente".
Arno Klarsfeld, président de l'Office français de l'immigration et de l'intégration, a rappelé que le ministre de l'Intérieur "disait "des choses évidentes". "Si la gauche veut faire campagne sur le fait que le racisme ou les talibans valent la civilisation française ou britannique, qu'ils le fassent", a-t-il conclu.
Le terme "civilisation" mis en cause
Sur Europe1, Rama Yade a indiqué être "tombée de sa chaise" en entendant une partie des propos de Claude Guéant. Mais en entendant les explications du ministre de l'Intérieur, elle a finalement réalisé que "c'est évident". Pour elle, "c'est l'emploi des mots qui a conduit à cet amalgame. Il aurait pu dire 'tous les systèmes politiques' ou 'tous les régimes ne se valent pas' plutôt que 'toutes les civilisations'".
Même constat du côté d'Alain Juppé qui a regretté dimanche l'utilisation du terme "civilisation", tout en se portant garant des valeurs républicaines du ministre de l'Intérieur.