La limitation du déficit public à 3% du PIB n’a décidément pas bonne presse. Critiquée fin septembre par plusieurs économistes, cette barre à laquelle Bercy tient est désormais critiquée au sein même de la majorité. Claude Bartolone, président de l’Assemblée nationale, a ainsi montré l’exemple dimanche lors du Grand Jury LCI/RTL. Il y a un "côté absurde des 3% qui semblent avoir été établis, notamment pour la France, sur un coin de table", a-t-il jugé, notamment par rapport à "la situation que nous connaissons".
Bartolone critique la barre des 3% :
Pour Claude Bartolone comme pour d’autres, ce sacro-saint objectif européen entraîne fatalement l’austérité. "L’Europe ne peut pas être simplement le continent où l’on dit ‘rigueur, rigueur, rigueur’, avec cette désespérance que l’on voit exploser, comme on l’a vu il y a quelques jours en Grèce", a argumenté le président de l’Assemblée nationale.
Le député de Seine Saint-Denis a donc appelé de ses vœux un débat européen. "Nous devons réduire cet endettement qui est devenu insupportable. Mais dans le même temps, je le redis, c'est de la responsabilité des Européens, et notamment de la Commission européenne, que de dire que 3% dans une période de croissance et 3% dans un moment où l'Europe est confrontée à ces difficultés économiques, ce n'est pas la même chose", a-t-il insisté.
Le problème, c’est que le ministère de l’Economie a plusieurs fois rappelé son attachement à cet objectif des 3%.
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Alors au moment de commenter la sortie de son camarade, Jérôme Cahuzac, ministre délégué au Budget, a semblé un brin gêné aux entournures. "Je pense que ce qualificatif dans la bouche de Claude Bartolone, que je connais bien, veut simplement dire que ça sera très difficile", a-t-il réagi quelques heures plus tard sur BFM TV, en réaffirmant que la France respecterait cet objectif en 2013.
Cahuzac : "ça veut dire difficile"
Le ministre du Budget s’est aussi opposé sur l’idée d’un débat. "La France ne demande pas à être déliée de ses engagements", a-t-il assuré. "Nous ne sommes pas demandeurs. Nous faisons ce qu'il faut pour tenir la parole que la France a donné".
Voilà en tous cas un échange qui relance le débat sur les 3%. A la fin du mois de septembre, plusieurs économistes avaient dénoncé l’arbitraire et l’inefficacité de cette barre. "Il va bien falloir que quelqu'un se dise un matin que, lorsque l'ensemble de la zone euro est en train d'aller à la récession, la priorité absolue, ce n'est pas de demander aux pays de réduire autant leur déficit", prévenait Elie Cohen, directeur de recherche au CNRS.