L'UMP réclame toujours des excuses du PS après le "chahutage" du président.
Au lendemain des incidents de Bayonne, le ton est monté vendredi dans les états-majors politiques. La gauche accuse le président-candidat de violence verbale après avoir parlé "d’épuration" et de "voyous". En face, l’UMP impute la responsabilité au PS du "chahutage" de Nicolas Sarkozy lors de son déplacement au Pays basque.
Hollande dénonce la "culture de l’outrance"… Le candidat socialiste et favori des sondages cherche à se positionner une nouvelle fois au dessus de la mêlée. "Je ne participe pas à cette surenchère verbale, à ces excès", a-t-il déclaré lors d’un déplacement dans le 20e arrondissement. "Les Français attendent une campagne digne, le candidat sortant qui sort déjà d'un quinquennat de l'excès ne devrait pas faire une campagne de l'excès", a déploré le Corrézien. Il s'est contenté de juger "tout sauf heureux" l'allusion à l'épuration qu'il voudrait mener. "Les mots doivent être choisis, ils doivent maîtrisés, contrôlés par ceux qui les émettent dans une campagne électorale", a assuré François Hollande.
…quand Sarkozy parle "d’épuration". Volontairement, le président a utilisé des mots très forts pour condamner les comportements des manifestants qualifiés de "voyous", qui sont "la honte de la République". Nicolas Sarkozy a estimé que François Hollande en portait une part de responsabilité pour avoir, selon lui, "annoncé l'épuration" s'il arrive au pouvoir. "Forcément, ça échauffe les esprits des gens de la base", a-t-il déclaré. "Si c'est ça leur conception de la démocratie, si c'est ça la République qu'ils préparent, et bien ça ne donne pas envie qu'ils arrivent (au pouvoir)", a estimé jeudi le président-candidat.
Les lieutenants montent au créneau. Depuis, les états-majors se renvoient la responsabilité des incidents de Bayonne. Après une première salve jeudi, les investives se sont poursuivies vendredi. Dans une lettre adressée à Pierre Moscovici, le directeur de campagne de François Hollande, Guillaume Lambert lui demande de "veiller à ce que les élus et les militants du Parti socialiste ne reçoivent plus de consigne" pour participer à ce genre de manifestation. Une manière indirecte de dire qu’il s’agit d’un complot contre le président-candidat. De con côté, Jean-François Copé, le secrétaire général de l'UMP, réclame toujours "des excuses" de François Hollande, affirmant qu’il y avait des "militants socialistes" parmi les "casseurs". Il assure que "le dérapage" est à mettre à l'actif du candidat socialiste.
Le PS a répliqué par l’intermédiaire de Jean-Christophe Cambadélis. S'il condamne les incidents, le député de Paris estime sur LCI que le président "surjoue l’indignation". La député socialiste, Elisabeth Guigou s'est est également prise à Nicolas Sarkozy, qui selon elle, "perd ses nerfs" dans cette "campagne qui ne prend pas".
Villepin et Bayrou s’y mettent. Les autres candidats ont profité de l’occasion de cette polémique pour se présenter comme les candidats antisystème. "Une campagne, ce ne doit pas être ces combats de coqs qui s'interpellent et s'injurient en même temps, cela doit être la prise de conscience des problèmes qui se posent pour les gens. Je ne participe pas à cette dérive-là", a lancé François Bayrou, le candidat MoDem, lors d'un déplacement à Mantes-la-Jolie dans les Yvelines.
Pour Dominique de Villepin, cet incident est l’illustration de "cinq ans de frustration". Nicolas Sarkozy est, selon le candidat de République solidaire, l’homme "qui ne peut plus sortir dans la rue". "Cela fait qu'il ne peut pas sortir sans une escorte de protection, de police, de gendarmerie, de CRS. C'est une politique dominée par la peur. La peur de l'autre. La jalousie de l'autre. C'est la peur, la jalousie et la haine", a martelé l’ancien Premier ministre sur BFM TV et RMC.