C'est l'une des priorités de son programme : diminuer la dette de France. François Bayrou a détaillé jeudi soir dans l'émission Des paroles et des actes sur France 2 ses mesures pour réaliser 100 milliards d'euros d'économies. Une intervention centrée sur les finances publiques mais le candidat du MoDem n'a pas éludé les questions politique et d'immigration. Europe1.fr revient sur les principales annonces.
Politique. Ni droite, ni gauche, François Bayrou a joué la carte "antisystème". Le candidat du MoDem a renvoyé dos à dos les deux favoris des sondages à l'élection présidentielle. "Le premier risque, en France, c'est la division, le second c'est l'illusion", estime le centriste.
Sur une éventuelle alliance avec Dominique de Villepin, François Bayrou n'exclut rien. Il dit s'efforcer "d'écrire tout seul et de préférence le premier" mais, a-t-il admis, "il y a une rencontre entre ces convictions-là". "C'est à Dominique de Villepin de prendre cette décision. C'est un homme ombrageux et je ne vais pas lui en faire le reproche, moi-même je le suis suffisamment. Je suis quelqu'un qui ne me rallie pas facilement et probablement lui non plus. Mais, il y a des points de rencontre en effet autour de ce que je crois et qu'il croit être essentiel pour l'avenir de la France", a-t-il déclaré. Avant de conclure : "mais, je ne fais pas d'appel. C'est à lui de prendre une décision. Je n'ai pas à intervenir".
L'ancien Premier ministre a immédiatement réagi sur Twitter :
Immigration. Sur cette question, François Bayrou a dénoncé une "imposture" sur la façon de Nicolas Sarkozy et Marine Le Pen d'aborder cette question. "Vous n'allez pas baisser le nombre des mariages sauf en luttant contre les faux mariages... Comment vous faites ? Parmi les droits de l'Homme, il y a le droit de se marier. Vous allez dire 'je vous interdis de vous marier avec un Allemand'. Est-ce qu'on peut dire ça ?", a-t-il dit avant d'accuser le président-candidat de "viser" en réalité "l'immigration subsaharienne" ou du "Maghreb".
Euthanasie. François Bayrou a jugé que le photomontage le montrant sur un lit d'hôpital dans le cadre d'une campagne "pour le droit de mourir dans la dignité", n'était pas une image "choquante", tout en renouvelant son opposition à l'euthanasie. "Franchement on rencontrera tous ce moment là, et pour moi ce n'est pas un moment qui me fait peur, il me fait peur pour les miens, mais pour moi ça ne me fait pas peur", a dit François Bayrou au sujet de la mort. "Donc cette image là, moi, en tout cas, je ne la trouve pas choquante", a-t-il ajouté.
Economie.Le président du MoDem a annoncé qu'il supprimerait "la défiscalisation des heures supplémentaires", instaurée en 2007 à l'initiative de Nicolas Sarkozy. Le candidat centriste a chiffré à 1,8 milliard d'euros le gain de cette mesure pour les finances de l'Etat. Détaillant les niches fiscales qu'il supprimerait, François Bayrou a aussi cité "la niche Copé" qui exonère d'impôt les plus-values réalisées par une entreprise lors de la vente d'une filiale, qu'il a chiffré à 6 milliards d'euros. Le président du Modem s'est aussi prononcé pour la réduction "d'une niche très peu identifiée", la déductibilité des emprunts en cas de LBO (leverage buy out, rachat d'une entreprise à crédit par l'endettement).
Ces trois mesures rapporteraient "une petite dizaine de milliards d'euros", et quelque dix autres milliards d'euros seraient obtenus par "un rabot" de 15% sur l'ensemble des autres niches fiscales.
Fonction publique. Interrogé enfin sur le maintien du non-remplacement d'un fonctionnaire sur deux partant à la retraite, instauré par Nicolas Sarkozy, François Bayrou a expliqué qu'il n'appliquerait pas cette mesure "à l'aveugle". "Mais je pense qu'un poste sur trois, c'est possible".