C'est non pour Matignon. C'est en tout cas ce que veut laisser entendre François Bayrou après les appels du pied venant de sa gauche et de sa droite, au sujet de Matignon. Des sollicitations que les militants MoDem ne voient d'ailleurs pas d'un très bon œil.
Invité du Grand Journal de Canal + mercredi, le président du MoDem a semblé exclure d'accepter Matignon en cas de victoire du candidat PS ou du candidat UMP. "On m'envoie des émissaires des deux côtés", a-t-il toutefois reconnu.
"Une offre hypocrite..."
"C'est une manœuvre électorale", s'agace une militante centriste au micro d'Europe 1. Comme beaucoup de sympathisants, elle voit en cette offre "hypocrite" une "bouée de sauvetage" lancée par l'UMP, en perte de vitesse dans les sondages. "Ils ont tellement de difficultés qu'ils sont prêts à tout pour essayer de grappiller quelques points et donc quelques voix centristes", ajoute un autre militant MoDem.
... de "l'enfant barbare"
Et si François Bayrou venait à accepter de travailler avec "l'enfant barbare", comme il l'appelait il y a quelques années, ses militants seraient "plus que déçus". "Je me sentirais trahi totalement" car "ça ne serait pas cohérent avec les valeurs centristes", estime Vincent, un militant, au micro d'Europe 1. "Le discours de Dakar, le discours de Grenoble, les Roms, l'immigration, les récentes attaques contre l'Europe, ce n'est pas le centre, ce n'est pas la ligne qu'on défend depuis cinq ans", ajoute-t-il.
D'ailleurs, François Bayrou le dit lui-même : "on ne peut être premier Ministre que d'un président dont on partage fondamentalement les opinions". Et ce n'est pas le cas avec le président sortant. Le candidat du centre estimerait d'ailleurs en privé, que le titre de "faiseur de rois" n'est plus d'actualité. En effet, au MoDem, beaucoup estiment que Nicolas Sarkozy ne peut pas gagner.
Des yeux doux venant plutôt de droite
La rumeur avait été lancée le 3 avril dernier par Jean-Pierre Raffarin. L'ancien Premier ministre avait estimé qu'il ne fallait pas "exclure" que Nicolas Sarkozy propose Matignon à François Bayrou. "S'il y a accord politique" pour le second tour, avait-il précisé, ajoutant que le candidat Modem avait "les capacités" d'être Premier ministre.
Quelques jours plus tard, Alain Juppé avait à son tour alimenté la "rumeur". Dans une interview accordée au Figaro Magazine du vendredi 13 avril, le ministre des Affaires étrangères avait estimé que François Bayrou pourrait "sûrement" être le Premier ministre de Nicolas Sarkozy. Alain Juppé est, pourtant, lui-même pressenti pour reprendre les rennes de Matignon, en cas de victoire du président-candidat.