L’INFO. Grosse semaine pour François Bayrou. Après son mariage avec Jean-Louis Borloo, mercredi, le leader du MoDem a annoncé, jeudi, sa candidature à Pau pour les élections municipales de 2014, "une ville magique" où il a vécu "toute sa vie professionnelle comme enseignant". Et, promis, s’il est élu en mars prochain, "ce sera son seul mandat".
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La victoire sinon rien. François Bayrou n’a pas le droit à l’erreur. Lors des élections législatives de juin 2012, la claque a été dure : battu dans son fief par la socialiste Nathalie Chabanne, le leader du centre indépendant perdait là son seul moyen d’action politique. Depuis, François Bayrou n’est plus "que" le patron du MoDem et n’exerce plus aucune autre fonction politique. Son parti est aussi mal en point que lui, avec un seul député orange dans l’assemblée nationale, Jean Lassalle. Des problèmes financiers obligent même le MoDem a loué une partie de son siège. Autant dire qu’une nouvelle désillusion électorale pour François Bayrou handicaperait très fortement son avenir politique.
Mais le Béarnais croit en ses chances. Faisant allusion à la persistance depuis 42 ans d'une équipe socialiste à la tête de la ville, il a estimé qu'il fallait "changer d'équipe" et indiqué que "beaucoup m’ont dit ‘tu es le mieux placé’, ‘c'est très risqué, mais c'est toi’", d'où sa décision de se présenter.
L’UMP veut sa peau… Si, pour convoler avec l’UDI de Borloo, le leader du MoDem a dû dire, officiellement et publiquement, qu’il était dans l’opposition à l’actuel gouvernement, sa décision de voter pour François Hollande au second tour de l’élection présidentielle n’est toujours pas digérée dans le principal parti d’opposition. Qui entend bien le lui faire payer. Malgré le soutien d’Alain Juppé, François Bayrou devra ainsi batailler non seulement face à un candidat socialiste, mais aussi face à Eric Saubatte, investi par l’UMP. "Il est très clair que l’UMP locale ne reculera devant rien pour le faire battre. Y compris jusqu’à faire voter pour le candidat socialiste", a estimé un proche du président du MoDem dans Libération.
… les sarkozystes aussi. Bien que silencieux, Nicolas Sarkozy voit d’un très mauvais œil le rapprochement Bayrou-Borloo. "Il faut que le centre reste dans la famille. Si les centristes s'en vont, on ne sera pas au second tour en 2017", prophétisait-il lors des d’un déjeuner à Nice avec des parlementaires de l’UMP. Alors, l’ancien président distille ses conseils, à Brice Hortefeux notamment. "Attends leur mariage. Après, tu rappelleras que l'UMP est le rassemblement de la droite, mais aussi du centre", a ainsi soufflé, selon le JDD, l’ex-président à son fidèle. Message parfaitement reçu par les troupes sarkozystes, à l’image de Geoffroy Didier, leader de La Droite Forte: "pour nous, cela sera une occasion formidable de dire aux centristes : ‘Venez à l'UMP. Sinon, vous serez dirigés par quelqu'un qui a voté François Hollande’".
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Autre angle d’attaque déroulé par les proches de l’ancien président : l’appel à voter Hollande au second tour. "François Bayrou est celui qui a aidé François Hollande à devenir président de la République. Ce n’est pas un jugement, c’est une observation. (…) Nos actes nous suivent. Pour sortir du socialisme, on n’est pas obligé de choisi celui qui nous y a fait rentrer", a ainsi lancé le très sarkozyste Brice Hortefeux, la semaine dernière sur France 2. "Pour les militants UMP, ce n’est pas la preuve d’une grande clairvoyance", a renchéri Isabelle Balkany, ami de 30 ans de Nicolas Sarkozy, sur Europe1.fr.
L'UMP promet déjà le divorce à Bayrou et Borloopar Europe1fr