D'habitude, c'est 10 minutes, le temps d'une interview politique. Mais, mardi matin, François Bayrou est bien resté 120 minutes dans les 17 m2 du studio de la matinale animée par Bruce Toussaint. Le candidat MoDem était l'invité exceptionnel d'Europe 1, le premier d'une série de candidats d'ici à la présidentielle. Coulisses, déclarations au micro de Jean-Pierre Elkabbach et Bruce Toussaint, réactions des internautes sur Twitter, rires provoqués par Canteloup : Europe1.fr vous résume ici, en cinq minutes chrono, cette "matinale"du candidat.
6h30, mardi. François Bayrou arrive à Europe 1. Pas d’armada derrière lui : seuls deux de ses collaborateurs ont fait le déplacement, dont Jean-François Martins, directeur de sa communication de campagne. L'interview n'a pas commencé qu'il est déjà en train de twitter. Vingt minutes plus tard, François Bayrou entre dans le studio Lagardère, pour deux heures de direct.
7h. Enfin "on air", le candidat centriste est questionné sur le probable abandon d’Hervé Morin, candidat du Nouveau Centre, qui pourrait retirer prochainement sa candidature à la présidentielle au profit de Nicolas Sarkozy. "Ce n’est pas une surprise", commente alors François Bayrou. "On ne peut dire centre que si on dit indépendance. Si vous êtes rallié, soumis, dépendant, vous êtes morts, vous disparaissez en tant que courant politique. Je l'ai toujours dit et ça se vérifie", assène-t-il, face à Bruce Toussaint.
Curieusement, ces phrases du candidat centriste provoquent une passe d’armes entre élus UMP. Le centre est désormais "incarné par l’UMP", estime sur Twitter la députée Valérie Rosso-Debord. D’autres élus de la majorité ne sont pas d'accord.
7h15, place au questionnaire "si j'étais président". Le candidat du MoDem à la présidentielle dresse alors le portrait robot de son futur Premier ministre. Ce sera "une femme ou homme de grande expérience, qui aura beaucoup réfléchi à l'état de la France et aura une idée nette de ce qu'il faut faire, et qui sera capable de rassembler des courants politiques différents. Oui, dans ma tête, il y a une short liste, de peu de noms", assure François Bayrou qui ne veut pas en dire plus, mais indique avoir déjà fait son choix. "Cela fait cinq ans qu’il fait et refait la liste de son gouvernement", ironise alors sur Twitter Benoît Petit, collaborateur de Corinne Lepage, autre candidate à la présidentielle.
>> Pendant ce temps là, Nicolas Canteloup fourbit ses armes et prépare son texte ...
8h. Questionné ensuite sur l'entrée en campagne de Nicolas Sarkozy, François Bayrou se fait acerbe. "Il était temps que cela arrive parce que faire campagne aux frais de l'Etat et avec les moyens de l'Etat, c'était vraiment une question". "Je préfère qu'il entre en campagne et que les choses deviennent claires". Tout en indiquant qu'il n'avait pas pu vérifier par lui-même l'information, François Bayrou s'est ensuite inquiété de ce que les enfants d'une école, dont il n'a pas précisé la ville, aient été approchés lundi par une préfecture pour agiter des drapeaux en l'honneur de Nicolas Sarkozy. "Si c'est vrai, cela pose un certain nombre de questions sur la manière dont nous concevons la démocratie en France. Cela rappelle d'autres régimes" comme ceux "auparavant de l'Est" européen, ajoute-t-il.
Une phrase qui agace immédiatement le parti majoritaire. "La politique vaut mieux que de propager des rumeurs non vérifiées", fustige Sébastien Huyghe, député UMP et membre de la cellule riposte du parti majoritaire."Pas à la hauteur", répond laconiquement l’UMP Valérie Rosso-Debord.
>> Pendant ce temps là, Nicolas Canteloup et ses auteurs terminent leur texte...
8h20, François Bayrou dégaine son "regard de tueur" face au journaliste Jean-Pierre Elkabbach qui "cuisine" l’élu du Béarn sur ses propositions.
"C’est bon, je peux parler ?", s’agace alors François Bayrou après un silence d’anthologie…
>> 8h45, place à Canteloup... Le "blanc" de Bayrou n’a pas échappé à Nicolas Canteloup. Quelques secondes après la vraie interview, l'humoriste "maison" dégaine la parodie de l’entretien. Il déclenche également quelques "rires jaunes" chez François Bayrou, notamment lorsqu’il évoque le rendez-vous manqué du candidat centriste et de Ségolène Royal, en 2007, dans l’entre-deux-tours de la présidentielle.
Après, deux heures de direct, François Bayrou sort du studio :
9h. François Bayrou a-t-il séduit ? "Rien de concret", "aucune proposition tranchée", commentent sur Twitter ses adversaires de gauche et de droite. L’UMP, étant à ce jeu là, la plus acerbe.
Le camp Bayrou a lui trouvé son candidat, "calme", "concentré", "plein d'humour", "humain"…"Tout va bien", conclut-il lui même.
9h15. Satisfait, le candidat file...