Pas vraiment sur le devant de la scène politique depuis le début du quinquennat de François Hollande, François Bayrou a eu droit, la semaine dernière, à des appels du pied de Manuel Valls. Fort de retour au premier plan sur l'échiquier politique, le président du Modem a distribué ses bons et ses mauvais points et mis un carton rouge à François Hollande dimanche lors du Grand Rendez-Vous Europe1-i>Télé-Le Monde. Morceaux choisis.
"Hollande ne peut pas tenir". "Je ne suis pas sûr que François Hollande puisse tenir jusqu'en 2017", a, d'entrée de jeu, jugé François Bayrou en pointant "la configuration actuelle" entre "une majorité déchirée, avec 40 parlementaires qui ont voté contre le Budget - parce que quand on est dans la majorité et que l'on s'abstient, cela veut dire que l'on est contre -, un épisode dur suivi d'un épisode de guerre civile pour le parti au pouvoir et, d'autre part, le soutien dans l'opinion publique qui n'existe plus". "Je ne vois pas comment il peut tenir", a-t-il insisté à propos du président de la République.
La seule solution ? "Dissoudre l'Assemblée". "Je ne dis pas que François Hollande doit partir, mais il peut utiliser les institutions de la Ve République et dissoudre l'Assemblée", a précisé François Bayrou en ajoutant : "je ne pense pas qu'il y ait d'autre solution" étant donné "l'impasse où nous nous trouvons". Le maire Pau a, par contre, exclu de se présenter aux législatives en cas de dissolution : "s'il y a dissolution, je ne serais pas candidat à un mandat parlementaire", a t-il dit en faisant valoir qu'il était maire d’une grand ville.
"Le PS doit être sanctionné". Alors qu'il y a quelques jours, Manuel Valls avait assuré que cela ne lui poserait pas de problème de gouverner avec le centre, François Bayrou a-t-il fermé la porte au Premier ministre ? "Si, dans l’histoire, quelqu'un a fermé la porte, ce n’est pas moi, c’est le PS", a tranché François Bayrou. Le centriste a d'ailleurs fustigé les erreurs du parti majoritaire : "il faut que le PS soit sanctionné pour la catastrophe qu’il a fait pour la France", a t-il insisté. Fidèle à son idée que seul le centre, "même s'il est actuellement éclaté dans son organisation", serait à même de renouveler la vie politique française, François Bayrou a jugé que les échecs du pays était en partie imputable à "la guerre civile" que se mènent les deux camps (PS et UMP).
François Bayrou: "Il faut sanctionner le PS...par Europe1frLe "courage" de Valls. "Le gouvernement est tellement déséquilibré dans sa base que même en faisant la proposition la plus intelligente possible, il ne peut plus avancer vers la réalité", a estimé François Bayrou en ajoutant que c'était également, selon lui, "la conclusion de Manuel Valls". Le maire de Pau s'est ensuite lancé dans un hommage appuyé au Premier ministre en saluant sa "cohérence" et son "courage" de "franchir des frontières... au moins dans les mots". De là à ce qu'il soit en mesure de changer les choses au PS ? "Je ne le pense pas", a balayé François Bayrou.
Prêt à travailler avec Valls et Juppé. "Il ne serait pas difficile pour moi de travailler avec des hommes comme Alain Juppé, d’un coté, ou ceux qui viennent de s’exprimer autour de Manuel Valls", a encore souligné François Bayrou en déplorant que de telles personnalités se retrouvent, dans notre pays, "artificiellement opposées".
Sarkozy, futur Premier ministre de cohabitation ? Tenant décidément pour acquis son scénario de dissolution de l'Assemblée (et la victoire consécutive de l'opposition), François Bayrou a, dès lors, estimé que l’élection du président de l’UMP revenait "probablement" à l’élection du futur Premier ministre de la cohabitation. Réfutant avoir rencontré Nicolas Sarkozy, François Bayrou s'est dit persuadé que ce dernier avait envisagé ce cas de figure.
François Hollande, président de la République, Nicolas Sarkozy, Premier ministre... et un boulevard pour François Bayrou en 2017 ? Le vibrant plaidoyer du président du Modem pour une dissolution de l'Assemblée prend tout son sens...