La partie s'annonce très délicate pour le leader centriste. François Bayrou, arrivé dimanche derrière la candidate PS dans sa circonscription béarnaise, jouera son avenir politique lors du second tour des législatives où il devra également affronter un candidat UMP dans une triangulaire.
"Les résultats de ce 1er tour sont difficiles et annoncent un deuxième tour particulièrement ardu", a reconnu dimanche soir François Bayrou.
Le leader centriste a obtenu 23,63% des suffrages exprimés dans la 2e circonscription des Pyrénées-Atlantiques. Il arrive loin derrière la candidate socialiste Nathalie Chabanne (34,90%) et devance de peu l'UMP, Eric Saubatte (21,71%) qui, compte-tenu de la forte participation (62,80% de votants), pourra se maintenir au deuxième tour. L'UMP a annoncé dimanche soir qu'elle proposera à ses instances le maintien de son candidat à Pau. La décision sera entérinée lundi lors d'un bureau politique.
"Pas accepté ma décision" de voter Hollande
C'est le pire des scénarios pour le patron du MoDem dont l'avenir sur les bancs de l'Assemblée nationale semble de plus en plus compromis. En effet, selon le dernier sondage de Ifop et dans l'hypothèse d'une triangulaire, il recueillerait 33% des suffrages, contre 43% pour Nathalie Chabanne et 24% pour le candidat UMP.
"Les raisons de ce résultat sont très claires", a détaillé un François Bayrou, très solennel. "Une partie importante de mon électorat traditionnel n'a pas compris, pas accepté ma décision de voter François Hollande au deuxième tour de la présidentielle (...) et les électeurs socialistes ont eux considéré que ce choix ne changeait rien", a-t-il résumé, en constatant "combien il était difficile de tendre la main".
Se prononcer "en conscience"
Pas question pour l'ex-candidat à la présidentielle de "renoncer", a-t-il ajouté, montrant ainsi sa volonté de poursuivre son combat contre la bipolarisation. "Nous allons livrer ce deuxième tour avec tout notre engagement et sans rien lâcher parce que nous savons son enjeu : qu'il y ait à l'Assemblée des voix libres", a-t-il lancé en appelant ses électeurs à se prononcer "en conscience" et "en pensant à l'avenir".
Politiquement, un échec aux législatives affaiblirait considérablement la position du président du MoDem qui perdrait non seulement une tribune mais également la légitimité que confère un suffrage national. En cas de défaite, il ne serait plus que conseiller municipal de Pau.
Des centristes de droite menacés
Cet échec pourrait également conduire à un éclatement du MoDem, divisé entre partisans d'une alliance avec la majorité PS, indépendants, et ceux qui voudraient participer à un groupe centriste avec les "frères ennemis" du centre-droit. Au sein des partis centristes, le MoDem qui présentait 400 candidats sous le label du "Centre pour la France" était crédité dimanche de 1,5% des voix. Un effondrement par rapport à son score de 2007 (7,61%).
Le Nouveau centre d'Hervé Morin, qui comptait 24 députés sortants et 2 apparentés, a présenté 83 candidats dont 15 députés sortants. L'ancien ministre de la Défense est arrivé dimanche en ballottage favorable (38,40%) dans l'Eure.
Pour exister, encore faudrait-il que le MoDem ait des élus et puisse trouver un accord avec les centristes de droite qui lui sont hostiles. Ces derniers sont également divisés et comptent aussi des personnalités menacées. Parmi celles-ci, le numéro 2 du Parti radical, Laurent Hénart, était dimanche en ballottage défavorable (34,5% contre 38% au PS).
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