Le troisième homme de 2007 est désormais cinquième. Perdu le titre de "faiseur de roi", "d’arbitre" et autre "homme clé". Dimanche soir, François Bayrou n’a réuni que 9,11% des votants, deux fois moins qu’il y a cinq ans. Moins aussi que les autres challengers pour la troisième marche : Marine Le Pen (17,9%) et Jean-Luc Mélenchon (11,1).
L’analyse est sans appel. "C’est un grave échec pour Bayrou qui poursuit ainsi sa traversée du désert depuis 2007 avec un score qui s’inscrit dans une suite d’échecs électoraux depuis le début du quinquennat", commente, lundi, Frédéric Dabi, le directeur général adjoint de l’Ifop.
Une possible consigne de vote pour le second tour
Affaibli donc, le candidat du MoDem ne peut plus espérer jouer les arbitres incontournables du second tour. Le principal intéressé, semble pourtant y croire encore. "Je vais m’adresser aux deux candidats leur dire ce qui est pour nous essentiel. J’écouterai leur réponse et je prendrai mes responsabilités", a ainsi lancé, dimanche soir, à ses partisans, François Bayrou laissant entendre qu’il apporterait bien son soutien à l’un des deux "impétrants".
Arrivé en tête, François Hollande semble avoir, pour l'heure, une avance suffisante pour se passer de son soutien, sachant que l’électorat de Jean-Luc Mélenchon lui est acquis.
Du côté de la droite en revanche, les appels du pied se multiplient. Avant même le premier tour, certains ministres, notamment la porte-parole du gouvernement Valérie Pécresse, avaient déroulé le tapis rouge pour le fondateur du MoDem, lui faisant même miroiter Matignon. Lundi matin, l’ancien Premier ministre Jean-Pierre Raffarin restait sur ce même registre : "On ne gagnera pas sans François Bayrou, sans le Centre… Et dire que François Bayrou a des qualités importantes qui peuvent le conduire à des responsabilités de premier plan, c'est dire la vérité", a-t-il insisté.
Bayrou a-t-il encore une carte à jouer ?
Alors François Bayrou a-t-il encore une carte à jouer avec la droite ? Peut-il changer la donne en appelant à voter Nicolas Sarkozy ? "Le centriste pourrait, dans une certaine mesure, modifier le regard des Français sur Nicolas Sarkozy", explique à Europe1.fr Jean-Daniel Lévy, directeur du Département Opinion d’Harris Interactive. "S’il appelait à voter pour Nicolas Sarkozy, le président-sortant apparaîtrait alors comme plus rassembleur", ajoute le sondeur.
Toutefois, "je ne crois pas que François Bayrou puisse ‘changer la donne’", tempère Jean-Daniel Lévy. "D’une part parce que, les électeurs de François Bayrou ont voté pour des idées, des valeurs (comme une gestion assainie des dépenses publiques) plus que pour un projet politique. D’autre part, parce qu’il y a chez les électeurs de François Bayrou, un vrai rejet de Nicolas Sarkozy et de sa pratique du pouvoir qui ne leur correspond pas", précise le politologue qui rappelle que seulement un tiers des électeurs de François Bayrou se disent prêts à voter pour Nicolas Sarkozy.
La fin du suspense pourrait intervenir après le débat de l’entre-deux-tours. Dimanche soir sur France 2, Philippe Douste-Blazy, soutien de François Bayrou, a ainsi indiqué dimanche que le centriste ne donnerait "probablement pas" de consigne de vote pour le second tour "avant le face à face" télévisé entre François Hollande et Nicolas Sarkozy.