Quatre ans qu'il attendait cela.François Bayrou, le "troisième homme" de la présidentielle de 2007, est entré mercredi officiellement en campagne pour 2012 par une "déclaration solennelle" aux Français, à la Maison de la Chimie, à Paris. "Je me présente devant vous en homme libre, avec un projet et une volonté pour notre peuple et notre pays", a-t-il commencé.
Un ton grave
"La France, depuis des années, va mal. Un vrai mal d'un pays tout entier", a déclaré le président du MoDem dans un discours au ton très solennel. "Cette dégradation est dangereuse. Elle pourrait être sans retour", a-t-il ajouté. Pour l'ancien ministre, qui brigue à 60 ans la présidence de la République pour la troisième fois consécutive, la France ne connaît "pas une crise" mais "un affaiblissement continu, une anémie toujours plus grave que les dirigeants successifs n'ont pas prévu".
"C'est une guerre que nous sommes en train de perdre. (...) Cela ne peut plus durer. Il faut un choc. Un choc salutaire". Il faut "qu'après cette élection, ce ne soit plus comme avant", que "le peuple français" décide "de tourner une page, de sortir de l'impasse et du brouillard et qu'il commence un autre chapitre de son histoire", a-t-il poursuivi.
"Vérité" et "lucidité"
Dans cette perspective, François Bayrou a promis de s'en tenir tout au long de sa campagne à l'"arme de la vérité", appelant dans le même temps à la "lucidité" des "dirigeants" mais aussi du "peuple". Dans un message quasi protectionniste, l'ancien ministre de l'Education nationale a appelé à "un pacte national pour produire en France" et a répété que "produire n'existe pas sans instruire", déclinant ainsi le deuxième thème prioritaire de sa campagne, l'éducation. "Bien sûr, il est une étape indispensable, la remise sur pied des finances publiques de notre pays", a aussi estimé le président du MoDem, rappelant avoir été le premier à "défendre le principe de la règle d'or dans la Constitution".
Bayrou "ne concèdera rien" aux "favoris"
Restant flou sur une possible alliance avec les socialistes ou l'UMP de Nicolas Sarkozy, François Bayrou a cependant assuré qu'il ne "concéderait rien" aux candidats "favoris". Appelant à la "mobilisation de toutes les forces et volontés de notre pays", le centriste a également promis qu'il ne "raconterait pas d'histoires" aux Français, et qu'il ne chercherait pas à les "opposer les uns aux autres".
"Je viens à cette élection avec que ce que la vie m'a donné et appris. Elle m'a donné des racines (...), le don de l'amour et l'amitié, de l'endurance pour traverser les difficultés", a-t-il ajouté. "C'est avec tout cela que je veux servir notre pays (...) avec un peuple qui a décidé de se relever", a conclu le Béarnais. "Troisième homme" inattendu du scrutin de 2007 avec 18,57% des voix, François Bayrou est aujourd'hui crédité dans le meilleur des cas de 9% d'intentions de vote.