Le président du MoDem a le vent en poupe en ce début d'année 2012. Dans tous les sondages du mois de janvier, François Bayrou a progressé : 12,5% (Ifop, +0,5) à 14 (Ipsos, +7) ou 15% (Opinionway, +1). "J'ai toujours considéré les sondages avec réserve mais je sais bien qu'il se passe quelque chose. Je sens bien, en rencontrant les Français, en lisant les jugements des uns et des autres, qu'il y a une adhésion nouvelle", a récemment déclaré le troisième homme de la présidentielle de 2007. Du coup, ces trois principaux adversaires ont décidé de réagir, chacun avec une tactique différente.
UMP : "il a sa place parmi nous". L'objectif de la majorité est de contenir sa percée car dans toutes les intentions d'opinion, François Bayrou glane des voix à droite. Certains élus de l'UMP craignent que l'opinion ne voit en lui un candidat de substitution à Nicolas Sarkozy. La stratégie de l'UMP est donc de l'empêcher de progresser mais sans "l'agresser" pour ne "pas pousser le candidat du MoDem dans les bras du PS", confie un élu. "François Bayrou n'est pas notre ennemi. François Bayrou fait partie de notre famille. On n'a jamais eu ce sentiment de vouloir taper Bayrou. C'est un candidat centriste. Il a toute sa place parmi nous", affirme ainsi Arnaud Robinet, député et conseiller général de la Marne.
PS : "c'est une illusion électorale". Du côté du PS, la stratégie adoptée par François Hollande est plus tranchante. Lors de son dernier conseil politique, il aurait donné à ses lieutenants comme consignes de "taper" sur le candidat de "l'ambiguïté" qui empêche le changement. "François Bayrou, aujourd'hui, par ses positionnements qui sont quelquefois peu cohérents avec ce qu'il a dit dans les mois ou dans les années qui précédent, peut incarner peut-être une illusion électorale pour les Français alors que ce n'est pas ça dont ils ont besoin", déclare Bruno Le Roux, le porte-parole de François Hollande.
Même son de cloche du côté de Jean-Marc Ayrault, le conseiller spécial de François Hollande. "La situation de la France est tellement sérieuse et grave, qu'on a besoin de solutions claires et courageuses. François Bayrou (...), c'est un peu le champion de la confusion. On ne sait pas ce qu'il propose. Il n'a rien, il ne propose rien", a déclaré mercredi le chef de file des députés PS, lors de "Questions d'Info". "C'est un prince de l'équivoque", "les Français ont besoin de clarté, de stabilité (...) et pour ça il faut garantir aux Français que nous aurons une majorité pour gouverner la France", a-t-il poursuivi.
FN : la critique de l'ancien "ministre". Même du côté du FN qui habituellement critique surtout sur les candidats du système de l'UMP et du PS, François Bayrou est devenu une cible privilégiée. Lors de ses derniers discours, Marine Le Pen a pilonné le président du MoDem. Sur Canal+, dimanche, la présidente du FN est longuement revenue sur le cas du centriste. Selon la candidate frontiste, François Bayrou porte "une très grande responsabilité" dans la situation actuelle de la France, et n'offre pas de solution alternative à Nicolas Sarkozy et François Hollande car il a été "trois fois ministre".
A l'appui de ses dires, la candidate du FN à la présidentielle a mentionné "le système économique qu'il a contribué à fonder, l'Europe de Bruxelles qu'il a soutenue et renforcée en toutes circonstances, le modèle économique qui est en train de ruiner notre pays".
Du côté du MoDem, cette avalanche de réactions fait sourire. Un proche de François Bayrou confie à Europe 1 : "il devient gênant pour tous les candidats. Un bon signe pour le MoDem".