Alors que le chef de l'Etat doit dévoiler dimanche soir un ultime paquet de réformes pour enrayer la progression du chômage et doper au passage sa candidature non-officialisée, François Bayrou semble déjà avoir tourné la page Sarkozy. Invité du du Grand rendez-vous Europe 1, le candidat du MoDem à la présidentielle a vivement critiqué dimanche le quinquennat du président sortant, et s'imagine déjà au deuxième tour face au candidat socialiste.
Bayrou critique "l'affolement" de Sarkozy
"Ces mesures de dernière minute, avant une élection présidentielle et qui ne seront pas appliquées avant une élection présidentielle, ça donne une impression d'affolement, d'improvisation", a estimé le candidat centriste alors que Nicolas Sarkozy doit s'adresser aux Français dimanche soir et annoncer une probable hausse de 1,6 point de la TVA. "Affecter une augmentation de près de deux points sera sans aucun effet sur le coût du travail", a ajouté le président du MoDem, opposé à la TVA sociale.
"Une impression d'affolement, d'improvisation" :
"Des sujets comme cela devraient être l'objet du débat présidentiel. Gouverner, c'est prévoir", a souligné au passage le Béarnais, précisant que "la situation du pays est dans un désordre absolu". "La solution n’est pas dans la focalisation ou l’obsession sur le coût du travail", a poursuivi le centriste, qui souhaite plutôt "qu’on bâtisse ce qu’a été autrefois le Commissariat général du Plan (mis en place en 1946 et transformé en Centre d'analyse stratégique en 2006, NLDR), dans lequel tous les acteurs de l’économie seraient présents pour entamer la reconquête des produits perdus".
"Se débarrasser de la malédiction des deux camps"
L'ex-ministre de l'Education nationale a une nouvelle fois écarté tout rapprochement avec le parti présidentiel. François Bayrou "appartient à (la) famille" UMP, même s'il est "un concurrent", a déclaré au Parisien Claude Guéant. "Monsieur Guéant a un sens de la famille très large. J'ai l'impression qu'il rêve de famille recomposée. Ce n'est pas mon cas. Chacun a sa famille. Chacun a son identité", a répondu François Bayrou. "Je ne me suis pas reconnu du tout sur les cinq années de mandat qui viennent de s'écouler", a-t-il précisé.
"La malédiction des deux camps" :
Interrogé sur un possible désistement en faveur de Nicolas Sarkozy ou François Hollande, celui qui brigue l'Elysée pour la troisième fois s'est montré très clair : "tout le sens de ma vie politique, depuis des décennies, c'est qu'on débarrasse la vie politique française de la malédiction des deux camps" (...) parce que "ça signifie que vous mettez le camp auquel vous êtes censé appartenir au-dessus de la vérité". Pour ce dernier, "les solutions proposées par Nicolas Sarkozy", tout comme "le programme de François Hollande" sont "inadaptés à la situation".
Un duel avec Hollande ? "Intéressant"
François Bayrou a affirmé que sa candidature était une "candidature de défi pour que la France rompe avec ses faiblesses d’avoir son Etat mis sous dépendance par les deux partis qui se succèdent au pouvoir". "Tout le monde sait que les hauts fonctionnaires passent de l’un à l’autre. L’Etat impartial est une force pour construire cette mobilisation du pays", a-t-il jugé.
Enfin, soulignant que Nicolas Sarkozy "a servi des valeurs qui étaient antagonistes avec les valeurs de notre pays", le centriste a semblé avoir déjà choisi son adversaire du deuxième tour en la personne de François Hollande. Jugeant qu'un face à face avec le candidat socialiste serait "intéressant pour le pays", François Bayrou a confié que "ça permettrait à la fois d'avoir l'alternance et le choix".