Le Sénat est à gauche pour la première fois, et son président Jean-Pierre Bel veut que ça se sente. "Le Sénat doit bouger", a-t-il déclaré mardi sur Europe 1, à l’occasion de sa première interview donnée en tant que deuxième personnage de l’Etat. "Son mode de scrutin et son fonctionnement datent de 1958".
"Hors de question de faire de l’obstruction"
En premier lieu, Jean-Pierre Bel a tenu à assurer que le Sénat ne deviendrait pas une chambre d’opposition. "Il est hors de question de faire de l’obstruction, et ce serait ridicule de voir les choses différemment", a lancé l’élu de l’Ariège. "Nous avons aussi une responsabilité forte. Il ne faut pas faire preuve de sectarisme alors que la situation du pays justifie que nous prenions en compte l’intérêt général." Et la Chambre haute compte bien faire des propositions. "Nous allons en faire beaucoup, notamment en direction des territoires. Le lien avec eux a été rompu, les élus ont été stigmatisés, ils ont même été méprisés", a jugé Jean-Pierre Bel.
Jean-Pierre Bel a par ailleurs confirmé son souhait d’augmenter le nombre de commissions sénatoriales, actuellement au nombre de six. "A l’Assemblée nationale, il y a huit commissions", a-t-il rappelé. Certaines questions, comme celles liées au développement durable intéressent beaucoup plus qu'avant."
"Favorable" à un UMP aux Finances
Quant à la revendication de Jean-François Copé de voir un élu UMP à la présidence de la commission des Finances, le président du Sénat s’y est dit "favorable". "Nous allons discuter. Je suis habitué à la concertation et au dialogue. Je vais rencontrer M. Gaudin, président du groupe UMP, et M. Zocchetto, président du groupe centriste ce (mardi) matin" a annoncé le socialiste. "Je vais proposer qu’il y ait un accord de gouvernance. S’il y a un accord, nous pouvons très bien faire cette ouverture", a-t-il jugé.
Jean-François Copé, secrétaire général de l'UMP, a fait cette demande en s'appuyant sur la situation à l'Assemblée nationale. Alors que la majorité est à droite, c'est un socialiste, Jérôme Cahuzac, qui préside en effet la commission des Finances au Palais-Bourbon.
Jean-Pierre Bel a aussi laissé entendre qu’il pourrait accéder à la demande des écologistes d’abaisser l’abaissement du seuil de constitution d’un groupe à 10 élus. "On doit faire vivre la diversité, c’est donc aussi un élément que nous allons avancer", a-t-il affirmé. D’autant que 2012 approche, et il est difficilement concevable de se fâcher avec l’allié écologiste. "Il faut que nous montrions que nous sommes capables d’établir une nouvelle majorité ensemble, de nous entendre, de bien travailler", a estimé le président du Sénat, qui tempère d’éventuelles ardeurs nées du basculement du Sénat. "Il reste beaucoup à faire. Cette élection sera difficile, y compris pour le candidat de gauche. Il ne faut surtout pas sombrer dans le triomphalisme."