Les deux femmes se connaissent bien. Najat Vallaud-Belkacem a même été sa porte-parole à la présidentielle de 2007. Et pourtant, Ségolène Royal n'a pas que des mots doux à son égard. Battue aux législatives et tenue par aucune fonction gouvernementale, l'ex-candidate PS à l'Elysée a estimé que la ministre du Droit des femmes ne "serait peut-être pas là" si elle s'appelait "Claudine Dupont".
"Elle doit assumer son identité et en être fière", a déclaré Ségolène Royal, citée par Le Point dans un portrait de la porte-parole du gouvernement. "J'ai toujours voulu des ouvriers, des exclus, des jeunes issus de la diversité autour de moi", a affirmé Ségolène Royal. La présidente de la région Poitou-Charente ajoute que la ministre, née au Maroc en 1977, doit "accepter d'être là pour ça", d'après Le Point daté du 26 juillet.
Une mise au point de Royal
Dans la soirée de vendredi, Ségolène Royal a cependant affirmé dans un communiqué qu'elle "ne se reconnaît pas dans les propos réducteurs que lui prête le journal Le Point à propos de Najat Vallaud Belkacem et qui aboutissent à lui faire dire le contraire de ce qu'elle a toujours affirmé".
Ségolène Royal, poursuit le communiqué "a, depuis 2007, toujours mis en avant Najat Vallaud Belkacem, à la fois pour son talent et son histoire et elle se réjouit des responsabilités qui lui sont confiées aujourd'hui et qui sont pleinement méritées".
La ministre, elle, a réagi sur Twitter. "Stop aux vaines polémique, la seule @RoyalSegolene que je connais est là", écrit-elle en mettant un lien vers le communiqué de Ségolène Royal/
"Le PS n'aime pas l'assimilation"
Reste que ces propos ont immédiatement fait réagir la classe politique. Florian Philippot, vice-président du Front national, n'hésite pas à affirmer sur Twitter que cette déclaration montre que le PS "adore l'immigration massive mais pas l'assimilation".
Un "dérapage" également raillé par la droite et le député UMP des Alpes-Maritimes, Lionnel Luca :
Discrimination:s'appeler Claudine Dupont est désormais un handicap pour faire de la politique selon S.RoyalPas de dérapage qd on est àgauche— Lionnel Luca 2012 (@lionnelluca2012) Juillet 27, 2012
Des propos "méprisants et discriminatoires"
La présidente de l'association féministe Ni Putes Ni Soumises, Asma Guenifi, a jugé les propos de Ségolène Royal "méprisants, déplacés et discriminatoires", dans un communiqué. "Selon l'ancienne candidate à la présidence si l'on s'appelle Najat, Karima ou Abdel, et que l'on est promu à un poste à responsabilité, ce n'est pas dû à la compétence mais à l'origine et au nom que l'on porte", est-il écrit.
"Elle a besoin de se reconstruire"
Cette "pique" intervient alors que Ségolène Royal avait confié, cette semaine, à Europe 1 qu'elle souhaitait "ne pas se précipiter dans la politique nationale", justifiant ainsi son absence à l'université d'été du PS de La Rochelle.
L'épisode des législatives et les critiques de Valérie Trierweiler, la compagne du chef de l'Etat et d'Olivier Falorni reste douloureux pour l'ex-candidate à la présidentielle. Un proche de Ségolène Royal décryptait : "la Rochelle a été ultra violent. C'est comme une fracture, elle a besoin de se reconstruire". Connu pour ses prises de position qui détonnent, la présidente de la région Poitou-Charentes semble en tout cas de retour dans l'arène politique.