"On ne remplace pas Jérôme Cahuzac, on lui succède modestement." Ce leitmotiv, répété à l'envi mardi, est celui de Bernard Cazeneuve. Jusqu'à présent ministre délégué aux Affaires européenne, il a donc "succédé" à Jérôme Cahuzac - dont le nom apparaît dans une affaire de soupçon de compte non déclaré en Suisse et qui a démissionné lundi soir - au ministère du Budget.
• Il est "presque né socialiste". Avec un père qui dirigeait la fédération du Parti socialiste dans l'Oise, Bernard Cazeneuve a baigné dans la politique très jeune. Il commence pourtant sa carrière dans les services juridiques de la Banque populaire avant de rejoindre les cabinets ministériels sous Lionel Jospin. En 1994, il est parachuté dans la Manche et gagne toutes les élections auxquelles il se présente - cantonales en 1994, municipales en 1995, législatives en 1997, en 2007 et en 2012. Seule ombre au tableau, les législatives de 2002. Mais Cazeneuve met cet échec à profit pour s'inscrire au barreau de Cherbourg et devenir avocat.
• "Win the yes... to need the no ?" Ce fabiusien, et proche de Hollande - dont il a été le porte-parole de campagne -, a été l'un des partisans du "non" au traité constitutionnel en 2005. Il avait alors dénoncé "la pente libérale de l'Europe". Son arrivée en mai dernier au ministère des Affaires européennes, sous la tutelle de son mentor, a donc surpris plus d'un observateur. Bernard Cazeneuve est néanmoins monté en première ligne à l'automne pour défendre le traité européen. Avec pédagogie, il a réussi à faire passer ce texte pour "une étape dans la réorientation de l'Europe". "Il a une approche pas du tout idéologique, pas péremptoire. Il explique bien le traité, la stratégie française de relance, il s'est vraiment plongé dans les dossiers", juge ainsi l'eurodéputé écologiste Daniel Cohn-Bendit.
• Il ne connaît rien à "la TVA sur les cravates". C'est un ministère très technique que rejoint donc Bernard Cazeneuve - même si jusqu'ici il n'était pas au "ministère de la poésie", a-t-il assuré sur Europe 1. Pas question donc de prendre ses nouveaux dossiers à la légère : "Je vais me faire pendant quelques jours papivore, pour intégrer la matière que je ne maîtrise pas aussi bien que lui [son prédécesseur, Jérôme Cahuzac, ndlr]. Étant quelqu'un qui ne s'exprime sur les choses que dès lors qu'il les maîtrise, je prendrai le temps de les maîtriser. C'est pourquoi je vous demande ce matin de ne pas me poser de questions très précises sur le taux de TVA des cravates", a-t-il demandé avec malice.
• C'est un rigolo. Cette petite boutade matinale n'est pas la première du ministre. Peu après son arrivée au ministère des Affaires européennes, Bernard Cazeneuve s'était inquiété de sa longévité à ce poste : "Mes prédécesseurs sont restés en moyenne cinq mois en place... Il me reste donc un mois", plaisantait-il en septembre dernier.
• Un ministre "R2D2". Son style néanmoins un peu "mécanique", notamment lors de son discours sur le traité budgétaire européen, lui a valu le surnom de R2D2 - le petit robot de la saga La guerre des étoiles - parmi les jeunes députés socialistes, rappelle Libération.