Eric Besson l’a assuré : il "travaille et coopère en permanence" avec Brice Hortefeux, son collègue de l’Intérieur. Pourtant, invité sur France 2 lundi matin, le ministre de l’Immigration a assuré qu’il n’était "pas au courant" de la circulaire datée du 5 août dernier et qui vise spécialement les Roms dans la politique de démantèlement des campements illicites voulue par Nicolas Sarkozy.
"Je ne la connaissais pas"
"Très clairement, cette circulaire, je ne la connaissais pas", a répété Eric Besson. Mais "c’est normal", a assuré le ministre de l’Immigration, puisque "c’est une note du directeur de cabinet du ministre de l’Intérieur aux préfets et donc je n’avais pas à en connaître" le contenu, s’est-il justifié.
"Je ne sais pas si c’est une maladresse", a encore dit Eric Besson avant de renvoyer la balle en direction de la place Beauvau : "c’est au ministre de l’Intérieur, ou plutôt à son directeur de cabinet, d’en répondre".
Mais "sur le fond, les choses sont extrêmement claires", a insisté le ministre de l’Immigration, s’appuyant sur un autre texte, daté du 24 juin, le seul "valable" selon lui. "On ne connaît pas en France autre chose que des étrangers en situation irrégulière. On ne connaît pas des minorités ethniques. C’est une chose qui n’existe pas chez nous", a expliqué Eric Besson. "Le droit européen a été respecté. Il n'y a pas eu d'expulsion collective", avait-il déjà assuré la semaine dernière, alors en visite à Bucarest.
Dati "regrette"
L'ancienne garde des Sceaux Rachida Dati a critiqué lundi le ministre de l'Intérieur, jugeant qu'il était important de faire preuve de "nuance" sur des "sujets sensibles".
"Moi, ce que je peux regretter, c'est que le ministre de l'Intérieur ne signe pas lui même une circulaire sur une politique aussi importante sur laquelle le président de la République lui-même s'est mis en première ligne. Je suis surprise par cela", a-t-elle déclaré sur Canal +.
Xavier Bertrand, lui, assume
Le patron de l'UMP, Xavier Bertrand, a déclaré de son côté lundi qu'il assumait "tout à fait" la circulaire du 5 août, assurant qu'elle était "la traduction de notre politique".
Ce texte a en tout cas provoqué une nouvelle vague d’indignation. Le Groupe d'information et de soutien des immigrés, le Gisti, a notamment annoncé qu’il préparait un recours en annulation devant le Conseil d'Etat.