Claire Thibout est arrivée au tribunal de Bordeaux vers 9h20 accompagnée de son avocat Me Gillot. L'ex-comptable est entendue comme témoin dans le cadre de l'enquête judiciaire sur Liliane Bettencourt et ses liens avec le pouvoir. Son audition, qui marque le début de l'instruction par les magistrats de Bordeaux, a débuté vers 11h30 et devrait se poursuivre toute la journée.
Me Gillot s'est "réjoui" que Claire Thibout "soit enfin entendue par un juge d'instruction, c'est à dire un juge indépendant", et que l'affaire "soit sortie des griffes du parquet de Nanterre".
Déjà entendue à plusieurs reprises
Selon l’avocat de Claire Thibout, sa cliente "a l’intention de répéter ce qu'elle a déjà déclaré devant les services de police", sur les fortes sommes en espèces qui auraient circulé au domicile des Bettencourt pour être en partie remises à d'autres personnes, notamment des hommes politiques.
Pour Claire Thibout, cette audition est loin d’être une première. C’est d’ailleurs par elle que les scandales de trafic d'influence et de financement illicite de parti politique avaient éclaté durant l’été 2010.
A l’époque, elle accusait nommément le gestionnaire de fortune de la milliardaire, Patrice de Maistre, d’avoir soutiré de l’argent à l’héritière de l’Oréal pour le remettre ensuite à Éric Woerth, à l’époque ministre du Budget et trésorier de l’UMP. L’ex-comptable a assuré, notamment, avoir assisté à une remise de 50.000 euros en espèce durant la campagne de 2007.
Préciser l’implication de l’Élysée
Toutefois, Claire Thibout s’était montrée floue sur les autres bénéficiaires, et notamment sur le rôle de Nicolas Sarkozy dans ces trafics. Entendue une première fois par les enquêteurs, elle avait laissé entendre que Nicolas Sarkozy pouvait être l'un d'entre eux, puis était revenue sur ses déclarations.
Pour autant, Me Gillot a tenu a souligné "l'implication depuis le début de l'Elysée" dans cette, assurant que le président Nicolas Sarkozy "avait en cours d'enquête reçu à l'Elysée à deux reprises Liliane Bettencourt ", "venue le voir pour lui demander d'arrêter cette affaire".
"Elle a beaucoup souffert"
Me Gillot a insisté sur le calvaire vécu par sa cliente depuis que l'affaire Bettencourt a éclaté. "Ma cliente est témoin, et pas coupable de toutes les vilenies dont elle a été accusée à tort, bien entendu, pour essayer de la déstabiliser, et dont, j'espère, elle sortira très vite blanchie", a-t-il expliqué en rappelant qu'il avait demandé dès 2010 qu'elle soit entendue par un juge d'instruction.
"Non seulement elle a beaucoup souffert de cette affaire, mais elle continue d'en souffrir plus que jamais, elle et sa famille. Je rappelle qu'elle a perdu son emploi, elle a été licenciée de ses fonctions de comptable qu'elle exerçait auprès de Mme Bettencourt, alors qu'elle n'avait absolument pas démérité", a-t-il ajouté.