Jean-Louis Borloo à la tête de Veolia, dans le fauteuil occupé jusqu'alors par Antoine Frérot ? Non encore confirmée, mais pas formellement démentie, l'annonce de cette possible nomination déclenche déjà un tollé dans l'opposition.
Le candidat socialiste à la présidentielle s'en est pris, lundi matin, à Nicolas Sarkozy en le présentant comme le "candidat des confusions, des arrangements".
Plus tôt, Pierre Moscovici, le directeur de campagne de François Hollande, avait dénoncé "des petits arrangements entre amis du Fouquet's" et la marque d'un "système Sarkozy" Manuel Valls, le responsable de la communication de campagne socialiste, a ironisé en affirmant "mieux comprendre pourquoi celui-ci s'est retiré" de la course présidentielle.
"Une confiscation du pouvoir financier", pour le PS
"C'est bien le signe que ce quinquennat a commencé au Fouquet's et qu'il se termine à Kléber, au siège de Veolia. Ca suffit, ce n'est plus possible d'avoir une confiscation du pouvoir et du pouvoir financier par Nicolas Sarkozy", s'est insurgé le député-maire d'Evry.
Benoît Hamon, porte-parole du PS, a fustigé, de son côté, un "président du business et de la combine".
Quant à la députée PS Delphine Batho, elle a renvoyé Nicolas Sarkozy à son discours de Marseille : "à peine Nicolas Sarkozy avait-il fini son discours de Marseille, prétendant qu'il n'était pas le candidat des élites, que des informations de presse révélaient son interventionnisme afin qu'un ancien ministre prenne la présidence de Veolia Environnement", a fait remarquer la porte-parole de François Hollande.
Le MoDem y voit "la main de Nicolas Sarkozy"
Du côté du MoDem, Marielle de Sarnez n'est pas plus amène : "il faut tourner la page sur toutes ces pratiques, élire un président impartial", a-t-elle lancé avant de dénoncer l'ombre de l'Elysée : "bien sûr que j'y vois la main de Nicolas Sarkozy, c'est ce que tous les journaux racontent ce matin", a souligné la directrice de campagne de François Bayrou.
Dénonçant le retour de "la République des cadeaux", Eva Joly, candidate d'EELV à l'Elysée, a fustigé une "confusion d'intérêts rarement vue".
Sur Europe 1, la candidate à la présidentielle Corinne Lepage a déclaré voir "tout un symbole dans l'enterrement du Grenelle avec Jean-Louis Borloo qui va à Veolia et Claude Allègre qui rejoint Nicolas Sarkozy". Pour elle , Nicolas Sarkozy "après avoir été le promoteur de la prise en charge sérieuse de l'écologie en a été le fossoyeur".
"Absurde", rétorque Sarkozy
Prié de dire si l'Elysée était derrière une éventuelle nomination à Veolia, Nicolas Sarkozy a répondu sur BFM TV : "c'est absurde." Les ténors de l'UMP sont, en tout cas, peu prolixes sur le sujet. Nathalie Kosciusko-Morizet, fraîchement promue porte-parole du candidat Sarkozy a toutefois dédouané Nicolas Sarkozy de toute intervention : "quand on dit ça c'est résolu entre le président de la République et Henri Proglio dans l'avion entre Paris et Bourgoin-Jallieu, ce sont des rumeurs de presse".
Sur le fond, NKM a, en revanche, légitimé une éventuelle nomination du centriste : "je ne sais pas si les administrateurs prendront cette décision et elle leur revient. Jean-Louis Borloo c'est quelqu'un qui vient du privé, s'il a envie de retourner dans le privé et de candidater sur un poste, il a bien le droit de le faire", a conclu NKM. Invité d'Europe1 lundi matin, François Baroin s'est refusé à tout commentaire.
Rumeurs ou pas, la réaction de la Bourse a été sans appel : le titre du groupe Veolia Environnement signait lundi matin la plus forte baisse du CAC 40 la valeur cédant 4,70% à 9,14 euros, tandis que le CAC 40 prenait 0,45%.