Le 6 mai, pour l’anniversaire de la victoire de François Hollande, il devrait présenter son contre-gouvernement. Car Jean-Louis Borloo a soif de pouvoir, et veut montrer qu’il est prêt à gouverner. En pleine crise franco-allemande, déclenchée par le Parti socialiste, le patron de l’Union des démocrates et indépendants (UDI) a donc voulu prendre de la hauteur en adressant une lettre à Angela Merkel et François Hollande, que publie Europe1.fr.
"Je vous présente nos excuses". Pour Jean-Louis Borloo, la dégradation de la relation franco-allemande prend racine dans la promesse faite par François Hollande de renégocier le Traité européen, "un mensonge", a-t-il assuré sur Europe 1. "Ce gage impossible donné par le candidat socialiste à son aile gauche explique, sans pour autant la justifier, la cacophonie actuelle de la gauche française", écrit-il. Et le patron de l’UDI assure que les marques de défiances exprimées par le PS "n’engagent ni le peuple français, dans sa très grande majorité, ni les parlementaires français, qu’ils soient du centre bien entendu, mais aussi de droite et de gauche." Et de conclure son argumentaire par des excuses : "je tiens solennellement à vous présenter nos excuses pour de telles prises de position." Un peu plus tard, invité d'Europe 1, Jean-Louis Borloo a réitéré ses excuses.
Hollande, "vous devez parler aux Français". Estimant que le projet du PS est d’une "extrême gravité", Jean-Louis Borloo regrette l’absence de prise de parole du chef de l’Etat : "nous avons cru que face à un sujet aussi grave, vous vous exprimeriez d’une voix forte et claire. Mais, malheureusement, à cette heure-ci, il n’en est rien." Comme il l’a aussi écrit à Angela Merkel, l’ancien ministre de l’Ecologie accuse le président français d’avoir menti en promettant de renégocier le Traité européen et "cette ambiguïté européenne, qui a marqué le début de votre quinquennat, se poursuit et s’accroit de manière dramatique." Le chef de l’Etat doit désormais en finir avec cette "cacophonie", en participant à la définition d’un "nouveau projet européen" et d’une "nouvelle plateforme économique européenne". Mais avant cela, Jean-Louis Borloo le répète encore : le président doit "s’exprimer de toute urgence" car "l’ensemble des forces politiques allemandes est choqué. Vous ne devez plus rester silencieux."
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"Que penserait François Mitterrand d’une telle attitude?" Autre angle d’attaque développé par le chef de file des centristes : la nécessité pour le gouvernement de trouver un bouc-émissaire à ses prétendus échecs. "Ce fut tout d’abord votre prédécesseur, puis les entrepreneurs de notre pays. Maintenant, le nouveau responsable désigné est l’Allemagne en la personne de sa chancelière, Angela Merkel", estime-t-il, avant de rappeler une évidence : "ce n’est ni l’Allemagne, ni la Commission européenne qui ont rédigé vos engagements de campagne." Plutôt que de chercher un coupable, François Hollande devrait mettre un mouchoir sur ses désaccords avec son homologue allemande pour faire avancer l’Europe : "tous vos prédécesseurs, quelles que furent leurs difficultés politiques en France, ont toujours maintenu ce Pacte franco-allemand. Que penserait François Mitterrand d’une telle attitude?", s’interroge faussement Jean-Louis Borloo conclusion.