L’acte de naissance à peine publié, l’Union des démocrates et indépendants (UDI) pense déjà aux municipales. Traditionnellement dans la Ve République, l’opposition grignote toujours quelques victoires locales après la présidentielle, et Jean-Louis Borloo compte bien en profiter pour ancrer son jeune mouvement. Une stratégie diamétralement opposée à celle de François Bayrou, son principal opposant au centre, qui lui a toujours joué la carte de la présidentielle, au grand dam de nombre de ses militants. Et avec le résultat que l’on sait.
Borloo à Paris? "C'est une piste de travail"
A l’UDI donc, on phosphore. "L’idée, c’est de faire comprendre à l’UMP que dans certaines villes de gauche, il serait préférable de présenter un candidat de l’UDI pour éviter un grand écart difficile pour les électeurs. Nous pourrions devenir une sorte de ‘sas de décompression’", décrypte un autre centriste, enthousiaste. Dit autrement : faire admettre à l’UMP qu’un électeur de gauche, même déçu par la majorité en place, ne votera jamais pour la droite décomplexée. Alors qu’un candidat centriste pourrait le tenter…
Certains centristes se prennent dès lors à rêver d’une candidature de Jean-Louis Borloo à Paris. Et il semblerait que la stratégie qui s’ébauche touche (presque) à son but. Le député-maire UMP du XVIe arrondissement, Claude Goasguen, estimait ainsi il y a peu que "Borloo est notre meilleur candidat, et je souhaite l'aider à l'être". Et il n’est pas le seul à plaider la cause du Valoisien. "Borloo est un candidat intéressant. Il a été ministre de l'Ecologie, il connaît les diversités. Il me paraît adapté pour parler à des électeurs parisiens", renchérit le maire UMP du VIe arrondissement Jean-Pierre Lecoq. Contacté par Europe1.fr, un membre de son entourage tient pourtant à assurer que "ce n’est pas d’actualité, mais c’est une piste de travail. " Mais micro éteint, la donne est sensiblement différente.
"Inutile de se bagarrer""
Le seul sondage paru à ce jour n’incite pourtant pas à l’optimisme. L'hypothèse d'une candidature de Jean-Louis Borloo, soutenu par l'UMP, a en effet été testée par l’Ifop pour Le Journal du Dimanche. L'ancien ministre ne recueille que 29% des intentions de vote, contre 37% à la socialiste Anne Hidalgo, mais "rien n’est cristallisé", veut croire Jean-Louis Bourlanges, ancien vice-président de l’UDF, contacté par Europe1.fr.
Pour ce fin connaisseur du centrisme, qui assure discuter régulièrement avec Jean-Louis Borloo, la stratégie envisagée "est "logique. On ne peut pas conquérir Paris avec l’offre politique qui s’annonce à l’UMP. Il faut une personnalité atypique, et Jean-Louis en est une". Un "sas de décompression" l’UDI, donc ? "C’est un peu foutraque comme raisonnement, mais le partage du marché entre ces deux partis me semble cohérent, c’est inutile de se bagarrer". Fillon, Dati and co sont prévenus.