Le désistement du centriste est une bouffée d’oxygène pour le parti majoritaire.
Dans le climat pesant des affaires, et alors que la mayonnaise de la primaire socialiste semble prendre, la nouvelle a été forcément bien accueillie dans les rangs de l’UMP. Dimanche soir, Jean-Louis Borloo a annoncé qu’il ne se présenterait pas à l’élection présidentielle, et c’est tout le parti majoritaire qui pousse un grand "ouf" de soulagement. Car la présence du populaire centriste aurait constitué une sacrée épine dans le pied de Nicolas Sarkozy sur le chemin de sa réélection.
"Sagesse et responsabilité"
Jean-François Copé a ainsi salué lundi une "décision empreinte de beaucoup sagesse et de responsabilité". "Quand on s'appelle Jean-Louis Borloo, avec le parcours qui est le sien - il a été l'un des piliers majeurs de notre action gouvernementale, il a été un exceptionnel ministre de la Ville -, on ne peut pas être un candidat de témoignage à la présidentielle", a observé le secrétaire général de l’UMP "On y va pour l'emporter, pas pour porter un bout d'étendard".
Alors lundi, au lendemain de la nouvelle, c’est d’une même voix que les leaders de l’UMP ont félicité leur ancien camarade. "Il a pris cette décision, que je qualifierai de responsable, au regard de la crise économique et financière", a commenté Frédéric Lefebvre sur Europe 1. "C'est un homme qui compte, c'est une grande voix de la majorité, il faut respecter sa décision, sa parole, et les idées qu'il porte", a ajouté le secrétaire d’Etat au tourisme.
"Une décision sage" :
De son côté, toujours sur Europe 1, Bruno Le Maire s’est "réjoui" d’une décision "cohérente, responsable et courageuse. (…) Cohérente, parce qu’il a travaillé pendant plusieurs années avec cette majorité. Il a fait la rénovation des villes, le Grenelle de l’environnement. C’est cohérent qu’il reste dans l’orbite de cette majorité. Responsable, il l’a dit lui-même, au regard de la gravité de la situation. Et personnellement, je trouve que c’est une décision courageuse. C’est toujours plus facile de mettre en avant sa propre personne que de mettre en avant ses idées."
"On aurait tort de se priver de son talent"
Désormais, après l'avoir parfois durement critiqué pour sa dissidence, les tenants de l'UMP veulent que Jean-Louis Borloo réintègre le giron de la majorité. "Il faut faire de la place à toutes les sensibilités, à toutes les idées", a ainsi affirmé le ministre de l'Agriculture. "Depuis plusieurs mois, je plaide pour la main tendue à destination de Jean-Louis Borloo, de Dominique de Villepin. (…) Je suis responsable du projet (de l’UMP pour 2012), et je compte bien faire une place aux idées de Jean-Louis Borloo dans ce projet. Je compte l’appeler dès cette semaine ou la semaine prochaine pour échanger", a annoncé le ministre de l’Agriculture.
"Lui ouvrir les bras" :
Dès dimanche soir, Nadine Morano avait elle lancé un appel au ralliement. "Je me réjouis de voir que notre famille politique, avec toutes ses sensibilités, va maintenant se mettre en ordre de bataille pour gagner l'élection présidentielle derrière notre candidat naturel, Nicolas Sarkozy", a écrit la ministre de la Formation professionnelle dans un communiqué. "On aurait tort de se priver du talent de Jean-Louis Borloo", a renchéri Marc-Philippe Daubresse, secrétaire général adjoint de l'UMP, qui a salué son "sens de la responsabilité de Jean-Louis Borloo. (…) Dans un monde agité par de multiples tempêtes, la majorité présidentielle a besoin de toutes ses forces vives pour gagner autour de Nicolas Sarkozy", a-t-il affirmé.
"Tout ça pour ça"
Finalement, seule Chantal Jouanno n’a pas fait montre d’un enthousiasme débordant au moment de commenter la nouvelle. ""Cette décision ne me surprend qu'à moitié, mais j'ai surtout envie de dire : ‘tout ça pour ça!’", a lancé sur RFI la nouvelle sénatrice de Paris. "Quel dommage d'avoir entraîné des voix discordantes !, Quel dommage qu'il ait créé autant de tensions autour de cette candidature !, a regretté l’ancienne ministre des Sports.