Jean-Noël Guérini ne disparaitra pas tout de suite du paysage politique français. Mis en examen à trois reprises, écarté du PS, le président du Conseil général des Bouches-du-Rhône sait rebondir. Sa liste a emporté trois sièges dimanche, lors des sénatoriales, laminant les socialistes locaux. Jean-Noël Guérini conserve ainsi son siège au Palais du Luxembourg, qu'il détient depuis 1998.
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Le PS laminé. À la tête il y a 6 ans d'une liste d'union de la gauche qui avait remporté 5 sièges, Jean-Noël Guérini partait cette fois en concurrence frontale avec le PS. Et sa liste "Faire gagner les Bouches-du-Rhône" a fait mieux que résister, raflant 3 sièges sur les 8 du département. Sur la liste socialiste, seule la sénatrice Samia Ghali a été réélue, et de justesse. Stéphane Ravier (FN) qui avait déjà fait sensation en remportant la mairie des 13 et 14e arrondissements de Marseille au printemps dernier, a confirmé la poussée du Front national dans le département en réussissant son entrée au Sénat. L'UMP conserve ses trois sièges.
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Une élection salvatrice pour Guérini. Mis en examen pour "prise illégale d'intérêts, "trafic d'influence", "association de malfaiteurs" depuis 2011, puis détournement de fonds publics et licenciement abusif depuis mars 2013 et enfin pour corruption passive, participation à une association de malfaiteurs, atteinte à la liberté d'accès ou à l'égalité des candidats dans les marchés publics depuis juin 2013, la carrière politique de Jean-Noël Guérini ne tient qu'à un fil. Il remettra d'ailleurs en jeu son mandat de président du Conseil général des Bouches-du-Rhône en 2015. Et il est loin de partir favori. Avec sa victoire aux sénatoriales, il s'assure ainsi un avenir politique à moyen terme.
Accusé de "distribuer l'argent". La recette ? L'ex-baron PS a su entretenir la confiance des grands électeurs, malgré une statistique peu glorieuse : il est classé dernier ex-aequo en terme d'assiduité au Sénat. "M. Guérini a toujours soutenu notre commune. Aujourd'hui, nous lui renvoyons l'ascenseur", explique par exemple Luc Agostini, maire de la petite commune de Saint-Andiol, cité par Le Mondedimanche.
"La surprise, c'est lui. Pas le FN", estime tout de même un cador de l'UMP cité par le site du quotidien du soir. Samia Ghali a même accusé dimanche à mots couverts son rival de gauche de "distribuer de l'argent" pour récolter des voix. Une attaque qui revient régulièrement depuis le début de la campagne. Selon Rémy Bargès, l'ex-bras droit de Jean-Noël Guérini, interviewé récemment par Libération, l’aide du Département aux communes est passée de 100 à 140 millions d’euros ces deux dernières années.
Une campagne sur la future métropole. "Cette élection sénatoriale est une condamnation claire et nette de la mauvaise réforme territoriale défendue par le gouvernement", a rétorqué pour sa part Jean-Noël Guérini à l'annonce des résultats. Il a d'ailleurs appelé le gouvernement "au dialogue" pour "corriger" ce texte. La réforme prévoit la création d'une grande métropole Aix-Marseille, qui a suscité l'opposition de la grande majorité des maires du département.