En l'espace de quelques heures, le ministre de l’Agriculture a provoqué mardi matin une panique sur les marchés du blé. Bruno Le Maire a d'abord indiqué dans une interview sur Canal + que les réserves nationales de blé étaient actuellement "suffisantes" en France. Mais que, si la "crise devait se poursuivre, il faudrait prendre des dispositions pour limiter les exportations et garantir le niveau des stocks".
Quelques heures plus tard, Bruno Le Maire a dû rectifier le tir, après avoir affolé les marchés. Ainsi, alors que le cours du blé a doublé depuis le printemps dernier, pendant quelques minutes, il a reculé de cinq euros la tonne.
Le ministre de l'Agriculture a alors assuré qu'il n'était "pas question de limiter les exportations françaises de blé". Et d’ajouter : "il n'y a pas de restrictions". Un rétropédalage indispensable pour tenter de calmer le secteur.
Un marché du blé sous haute pression
Car sur ce marché du blé, l'attitude de Paris est surveillée de très près, à la fois pour l’Hexagone, mais aussi au niveau mondial. "Depuis le retrait de la Russie l'été dernier, la France est le seul fournisseur de blé avec les Etats-Unis. Limiter les exportations françaises aurait pour conséquence une nouvelle flambée des prix mondiaux", a expliqué Pierre Dupeyroux, analyste au cabinet de courtage Plantureux.
"Il est intenable de limiter l’export du blé meunier, sachant que cette exportation représente moitié de notre production et que nous avons des clients à destination qui ont besoin de notre blé", a rappelé à Europe 1 de son côté Jean-Pierre Langlois-Berthelot, président de ''France Export Céréales" et qui n’a pas souhaité faire de déclaration purement sur les propos du ministre.
Selon FranceAgriMer, l'organisme chargé de la gestion des céréales, la France a déjà vendu fin décembre plus de 7 millions de tonnes de blé vers les pays tiers et l'objectif final de 11,5 millions de tonnes de blé sera atteint dès la fin avril. Le stock de fin de campagne devrait se situer à 2,2 millions de tonnes.