La Cour de justice de la République ne statuait pas seulement sur le cas Lagarde vendredi. L’institution, chargée de juger les crimes et délits commis par les membres du gouvernement "dans l'exercice de leurs fonctions", se penchait également sur le cas de Claude Guéant. Le ministre de l’Intérieur faisait l’objet d’une plainte déposée par SOS Racisme pour avoir affirmé le 4 avril à Nantes au sujet de l’Islam que "l'accroissement du nombre des fidèles de cette religion et un certain nombre de comportements, posent problème". Une plainte finalement classée sans suite.
Cet avis, rendu par la commission des requêtes de la CJR, n'est pas susceptible d'appel. Claude Guéant est donc désormais à l'abri de toute poursuite concernant ces propos. "Je n'ai jamais rien dit qui soit de nature raciste" et "rien n'est plus éloigné de ce que je pense que la xénophobie", avait protesté Claude Guéant suite à cette plainte. "Tout ce que j'ai dit, tout ce que je fais, c'est précisément pour éviter que la xénophobie ne gagne mon pays", avait-il insisté. "Observez ce qui se passe à l'extérieur, je ne veux pas ça pour la France."
SOS Racisme "atterré"
De son côté, SOS Racisme n’a forcément pas apprécié la décision de la CJR. "Nous sommes atterrés par ce filtre que rien ne vient justifier et qui empêche la tenue d'un procès pour des propos qui auraient valu à toute autre personne la comparution devant un tribunal et probablement une condamnation", a réagi Me Patrick Klugmandit, l'avocat de l’association, interrogé par l'AFP. "Nous ne sommes plus à une époque où les responsables politiques doivent être immunisés de leurs propres actes et paroles, et il est malheureux dans cette affaire que les victimes n'aient pas eu accès aux juges."
La plainte de SOS Racisme citait par ailleurs d'autres déclarations de Claude Guéant depuis le 15 mars, concernant notamment les Français qui "ont parfois le sentiment de ne plus être chez eux" et son usage du terme "croisade" à propos de l'action menée par Nicolas Sarkozy pour convaincre la communauté internationale de la nécessité d'une intervention en Libye. Autant de propos qui avait valu au ministre de l’Intérieur les foudres de l’opposition.