Ayrault ne sera pas auditionné. Rien ne va plus au sein de la commission Cahuzac. La majorité PS a rejeté mercredi une nouvelle fois la demande d'audition de Jean-Marc Ayrault, provoquant la colère des députés UMP qui ont décidé de suspendre leur participation à ses travaux. Après une heure et demie de discussion animée, la décision de ne pas auditionner le Premier ministre a été prise par dix voix contre huit. Le socialiste Alain Claeys a estimé que l'audition de Jean-Marc Ayrault, réclamée par l'opposition, "n'apporterait rien".
Pas de confrontation Cahuzac-Moscovici. La commission a également rejeté la demande d'audition commune de Jérôme Cahuzac et Moscovici qu'avaient également formulée les membres UMP de la commission. Ce rejet a été acquis à une plus large majorité, les membres UMP ayant déjà quitté la salle à ce moment en guise de protestation.
L'enjeu. L'opposition avait pourtant demandé à entendre Jean-Marc Ayrault et Pierre Moscovici afin de tirer au clair les contradictions entre les déclarations de Jérôme Cahuzac et celles du ministre de l'Economie sur la tenue d'une réunion à l'Elysée, le 16 janvier. Lors de son audition, mardi, l'ancien ministre du Budget a répété en boucle "qu'il n'avait aucun souvenir" de cette entrevue alors que Pierre Moscovici avait assuré le contraire devant les membres de la commission.
L'UMP fulmine. Pour montrer leur désapprobation, les députés UMP ont décidé de ne plus siéger, jusqu'à nouvel ordre. "Le seul argument des socialistes, c'était que cette audition n'était pas utile. Mais on ne peut pas se contenter de ce 'Circulez, il n'y a rien à voir", regrette le député UMP Georges Fenech, contacté par l'Express. "La majorité vient de prendre une décision extrêmement grave en refusant d'auditionner le Premier ministre", a renchéri Daniel Fasquelle. Après ce refus, le secrétaire de la commission, l'UMP Gérald Darmanin a carrément présenté sa démission. "En s'opposant à l'audition du Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, la majorité socialiste refuse que la vérité soit révélée dans l'affaire Cahuzac", a-t-il déclaré. "La transparence voulue par les socialistes s'arrête là où la vérité pourrait manifestement les gêner".
Une manœuvre politique. Depuis plusieurs jours, des responsables de la majorité dénoncent ce qu'ils qualifient de tentatives de politisation par l'opposition au sein de la commission d'enquête. "Le fait même que cette audition existe est garant d'un bon fonctionnement de nos institutions. Il faut s'en réjouir et ne pas chercher à y porter atteinte par des comportements inadéquats", a ainsi déclaré la porte-parole du gouvernement, Najat Vallaud-Belkacem.