Cahuzac, un coup dur pour l’exécutif

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Benjamin Bonneau, avec Caroline Roux et Antonin André , modifié à
DÉCRYPTAGE - Le départ d’un des meilleurs ministres fragilise encore un peu plus la majorité.

Il était unanimement considéré comme l’un des ministres les plus compétents du gouvernement. Même l’opposition trouvait des qualités à Jérôme Cahuzac. Son départ est donc une bien mauvaise nouvelle pour le gouvernement, et ce pour plusieurs raisons.

Un timing délicat. Pour Caroline Roux, éditorialiste politique d’Europe 1, c’est "la plus grave crise depuis le début du quinquennat" car elle tombe au mauvais moment. Quelques jours après une défaite électorale dans l’Oise, cette affaire fragilise encore un peu plus un édifice au cœur des priorités du gouvernement, Bercy, alors même que les marchés guettent du coin de l’œil les fragilités françaises et attendent la liste détaillées des coupes budgétaires.

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Un ministre qui faisait le job. "The right man at the right place", voilà comment Nicole Bricq, invitée mercredi matin d’Europe 1, définit l’ancien ministre du Budget. Alors que les socialistes se berçaient d’illusion en arrivant au pouvoir, lui les a rappelés à la réalité, quitte à se fâcher avec certains d’entre eux qui n’acceptaient pas sa fermeté budgétaire. Jérôme Cahuzac, c’était un peu le cogneur sûr de lui et la vitrine du séreux budgétaire français. L’homme qui a fait plier les Français et l’Etat au nom de l’impératif budgétaire. Un homme peu apprécié, mais essentiel au dispositif gouvernemental.

woerth

Un sale coup d’image. François Hollande avait promis pendant sa campagne "une République exemplaire." Être obligé de se séparer d’un de ses ministres n’était pas prévu au programme. Mais le sacrifice a été effectué avec une précision chirurgicale : pas d’hésitation, une communication au cordeau, et un remaniement déjà anticipé. François Hollande a fait le bon diagnostic, et vite : la situation était intenable. Certes la présomption d’innocence demeure, et Jerôme Cahuzac n’est pas plus coupable aujourd'hui qu’hier, mais il était condamné politiquement. Le gouvernement a donc choisi de prendre le contrepied de la gestion de l’affaire Woerth, qui fut un véritable calvaire médiatique, politique et humain, avec un gouvernement refusant de céder à la pression et un ministre qui s’accroche - car partir, c’est s’accuser. Ce feuilleton avait plombé des mois d’action gouvernementale. Jean-Marc Ayrault a au moins évité ça.

La séquence d’Ayrault parasitée. La motion de censure des députés UMP, Jean-Marc Ayrault l'attendait "avec impatience". Mercredi, le Premier ministre descendra dans l’arène pour batailler face à  Jean-François Copé avec la "claque" Cahuzac en tête. Pas idéal. Matignon a pourtant tout tenté pour sauver la face. Qui a géré la démission de Cahuzac ? Jean-Marc Ayrault en personne. Qui a décidé du remaniement ? Jean-Marc Ayrault, bien sûr. Une communication qui n’a qu’un objectif : montrer l’autorité du Premier ministre. Pourtant, même remonté comme un coucou, il n’y aura pas de miracle dans l’hémicycle : Jean-Marc Ayrault est critiqué par des députés socialistes, méprisés par certains ministres et même remis en cause par des proches du chef de l’Etat qui vont jusqu’à poser la question de son maintien jusqu'aux municipales. La séquence de mercredi était censée marqué son grand retour. Elle est déjà ratée.

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