"Il faut considérer que le cannabis, c'est comme l'alcool et le tabac, même régime : une politique de santé publique et de prévention". Invitée sur BFM TV mardi matin, Cécile Duflot a, de nouveau plaidé pour la dépénalisation du cannabis en France. La ministre du Logement s'est cependant défendue de prendre "une position d'incitation". "C'est une position qui vise justement à supprimer ce trafic et à considérer aussi qu'en France, les jeunes fument davantage de cannabis qu'au Pays-Bas par exemple, parce qu'on ne peut pas avoir de politique de prévention", a-t-elle expliqué.
La patronne d'Europe Ecologie-Les Verts qui parle
"Je sais que ce n'est pas la position du gouvernement mais là, je suis la secrétaire nationale d'Europe Ecologie-Les Verts et je dis quelle est notre position", a pris le soin de clarifier la ministre. Et Cécile Duflot de rappeler que la dépénalisation du cannabis, "c'est la position" des Verts depuis "très longtemps". Car à cinq jours du premier tour des législatives, il s'agit aussi pour Cécile Duflot d'envoyer un signal fort à son électorat, sur un thème qui lui est cher.
Cécile Duflot mardi matin :
Un sujet sensible à gauche
Des propos qui font toutefois un peu désordre du côté du gouvernement. Déjà pendant la campagne, François Hollande avait dû clarifier sa position. Lorsqu'en avril dernier, son conseiller sécurité, François Rebsamen a voulu faire de la consommation de cannabis une simple contravention et non plus un délit, le candidat socialiste a pris ses distances sur Europe 1 : "Je ne reprendrai pas cette proposition pour des raisons qui tiennent à la nécessité de l'interdit".
Et quand François Rebsamen, un temps pressenti Place Beauvau n'est pas rentré pas au gouvernement, certains y ont vu une conséquence de sa position sur le cannabis. Signe que le sujet est sensible à gauche.
Autre farouche opposant à une dépénalisation du cannabis, le ministre de l'Intérieur. Lorsqu'en juin dernier, le débat a été relancé à l'Assemblée nationale (le rapport du socialiste Daniel Vaillant prône alors une "légalisation contrôlée"), Manuel Valls est monté au créneau pour dire que cette dépénalisation était "contraire" à ses "valeurs". Une hostilité que député-maire d'Evry a une nouvelle fois exprimée lors de la primaire socialiste.
L'UMP s'engouffre dans la brèche
Autant dire qu'il n'en fallait pas moins à l'UMP pour s'emparer du sujet. Eric Ciotti, le Monsieur Sécurité de l'UMP a dénoncé des propos "irresponsables et démagogiques" de Cécile Duflot et pointé du doigt le "double langage" de la gauche.
Bruno Beschizza, en charge des questions de sécurité à l'UMP, a lui dénoncé une "cacophonie" au sein du gouvernement et exigé "une clarification sur la doctrine" du gouvernement sur ce sujet.
"Si Jean-Marc Ayrault ne tranche pas pour mettre fin à ces ambiguïtés, ce sera alors une véritable imposture pour nos compatriotes qui avaient entendu le candidat François Hollande s'engager contre la dépénalisation du cannabis", a-t-il avancé.
"Le gouvernement n’a rien dit sur ce sujet"
Une position officielle qui est arrivée en deux temps. Interrogé à son arrivée au Sénat pour la réunion du groupe PS, le Premier ministre a d'abord semblé "un peu gêné " selon le site Internet de Public Sénat. Jean-Marc Ayrault a préféré "sourire" plutôt que de répondre aux propos de sa ministre.
Jean-Marc Ayrault au Sénat mardi :
Cannabis : Duflot défend la dépénalisation...par publicsenatChangement de ton à la sortie de la réunion. Invité à réagir à l'injonction de Bruno Beschizza, le Premier ministre a fini par glisser : "le gouvernement n’a rien dit sur ce sujet". Histoire de prendre ses distances avec sa ministre du Logement.