Après la ministre du Logement Cécile Duflot, c'est au tour de Vincent Peillon de relancer le sujet sur la dépénalisation, et non la légalisation, du cannabis. Le ministre de l'Education s'est en effet prononcé en faveur d'un débat sur le sujet, arguant qu'il s'agissait d'un "sujet majeur".
Malgré les précautions prises par Vincent Peillon et face aux nombreuses réactions, Matignon n'a pas tardé à intervenir : "le Premier ministre et monsieur Peillon se sont parlé au téléphone ce matin (lundi), il n'y aura pas de dépénalisation du cannabis", a précisé le cabinet de Jean-Marc Ayrault. "Lorsqu'ils sont à la radio et la télévision, ils doivent défendre à la fois la politique de leur ministère et la politique du gouvernement, et rien d'autre (...), nous ne sommes pas des commentateurs", a-t-il ajouté. Selon les informations recueillies par Europe 1, François Hollande a également contacté le ministre de l'Education.
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Le "côté un peu retardataire de la France"
"Cette interrogation mérite d'être menée, et je suis très étonné parfois du côté un peu retardataire de la France sur un sujet qui pour moi est d'ampleur", avait affirmé le ministre dimanche soir lors de l'émission "Tous politiques". "Je vois quasiment maintenant tous les soirs sur nos chaînes de télévision des reportages pour montrer les trafics illicites de nos banlieues, le danger dans lequel vivent nos concitoyens, y compris les enfants des écoles", avait illustré le ministre.
Interrogé plus précisément sur la dépénalisation, Vincent Peillon avait ajouté : "C'est une question qui se pose sérieusement, de savoir si nous ne pourrions pas lutter contre ces trafics en organisant par l'État...", avant de s'interrompre pour critiquer "les millions de bobos qui, paraît-il sont les mêmes qui font les commentaires, mais vont se servir dans ces proches banlieues".
Une sortie qui fait réagir
"C'est courageux de sa part", a commenté sur Europe 1 le vice-président de l'Assemblée nationale, l'écologiste Denis Baupin. "C'est justement parce que nous n'avons aucune complaisance vis-à-vis des trafics d'armes, de drogue, etc., que nous pensons que la prohibition en matière de cannabis est en échec", a-t-il ajouté.
Un point de vue que ne partage pas l'ancien Premier ministre François Fillon. Dans un communiqué, le député de Paris "condamne les propos irresponsables et dangereux" du ministre de l'Education nationale, "à l'heure où notre société a plus que jamais besoin de repères"..
"La dépénalisation des drogues douces, dites douces, est simplement inacceptable", a renchéri le député-maire de Meaux, Jean-François Copé. Et le candidat à sa propre succession à la tête de l'UMP d'espérer "que ce débat flottant, rouvert régulièrement et qui vient là de l'être par le ministre qui est en charge de l'école de nos enfants, soit immédiatement tranché et arrêté par François Hollande".
"La montée du communautarisme et du radicalisme dans certains quartiers, ça a été une lâcheté des politiques. Sur le cannabis, la gauche veut recommettre cette lâcheté vis-à-vis du cannabis", a renchéri l'eurodéputée Rachida Dati.
Matignon ferme la porte à tout débat
Face à cette polémique en devenir, Matignon a tenu à préciser lundi qu'il n'y aurait "pas de dépénalisation" du cannabis. "Le Premier ministre et monsieur Peillon se sont parlé au téléphone ce matin (lundi), il n'y aura pas de dépénalisation du cannabis", a martelé Matignon à la presse lundi matin.
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