"Un immense chagrin". Leur passation de pouvoir était touchante. "On peut succéder à Jérôme Cahuzac, on ne peut pas le remplacer", avait déclaré Bernard Cazeneuve, tout nouveau ministre du Budget. Depuis, son prédécesseur a avoué avoir menti, l’ensemble de la gauche crie à la trahison. Et il ne faut pas compter sur son ami Bernard Cazeneuve pour le défendre.
Comme François Hollande, comme Jean-Marc Ayrault, et comme l’ensemble des Français, il est tombé des nues. Sa réaction à l’annonce des aveux de Jérôme Cahuzac ? "J’ai ressenti un sentiment humain : un immense chagrin. Je lui ai posé à plusieurs reprises la question et il m’a toujours dit que ce n’était pas vrai. Je l’ai cru. On croit souvent ses amis. Dans la vie politique comme dans la vie humaine, il y a un lien extrêmement ténu qui peut se couper d'un coup, cette histoire en témoigne, le lien de la confiance. Il est essentiel en amitié, il est encore plus essentiel en politique." Les mots sont pesés. Le ministre laisse même planer un long silence pour leur donner plus de poids encore. "La vérité apparait toujours au grand jour dans sa lumière la plus crue", regrette-t-il.
Outre cette critique acerbe de l’attitude de son ami d’hier, le ministre du Budget n’apprécie que très moyennement celle de l’opposition qui n’hésite pas, comme Jean-François Copé, a réclamé la démission du gouvernement. "Ce phénomène de meute où l'on voit des acteurs politiques de toute obédience se succéder aux micros avec le soupçon ou la haine, contribuant à aggraver un climat, tout cela n'est pas très digne", a-t-il estimé.