"Vous participez au second tour. Il me paraît normal de vous rappeler ce qui a été essentiel pour les plus de 3 millions d'électeurs qui m'ont apporté leur suffrage au premier tour". Voici ce qu'écrit en préambule François Bayrou, dans sa lettre aux finalistes, François Hollande et Nicolas Sarkozy, préalable à toute consigne de vote. François Bayrou, dont les soutiens commencent à dévoiler leurs intentions pour le second tour en ordre dispersé, prévoit de donner une éventuelle consigne de vote le 3 mai, au lendemain du débat télévisé entre le candidat socialiste et le président sortant.
>>L'intégralité de la lettre à consulter sur Le Lab.
L'"attitude personnelle" des candidats
"Parce que nous allons vivre (des) moments difficiles, l'attitude personnelle des gouvernants comptera beaucoup", prévient le président du MoDem dans ce courrier de deux pages transmis mercredi par coursier aux deux finalistes.
"C'est une question de valeurs, personnelles autant que politique", ajoute-il, en regrettant "la violence des attitudes et des mots, la guerre d'un camp contre l'autre, la complaisance à l'égard des extrêmes qui caractérisent notre pays". Le leader du MoDem a d'ailleurs a clairement pris ses distances mercredi avec Nicolas Sarkozy, l'accusant de "valider le discours du Front national".
Mise en garde sur la dette
François Bayrou, le premier à avoir alerté sur le fardeau de la dette française dès 2006, insiste en préambule sur la vérité due sur la situation financière du pays. "Je ne crois nullement que la crise financière soit derrière nous. Je pense au contraire que la crise est devant nous, et qu'elle sera très dure", écrit-il, s'inquiétant des remèdes proposés par les deux candidats.
"La recherche de l'équilibre des finances publiques n'est obtenue dans vos deux projets que par l'affichage d'une croissance impossible à court terme. Je vous demande instamment de réfléchir à ce péril et d'envisager des mesures crédibles pour l'écarter s'il est encore temps", souligne-t-il.
Bayrou fixe ses impératifs
Rappelant l'héritage du Conseil national de la Résistance, François Bayrou préconise d'abord de réformer "dans la justice et la solidarité". Le député des Pyrénées-Atlantiques demande par ailleurs de développer l'appareil de production avec des stratégies nationales, filière par filière, pour "sauvegarder notre modèle social" et "développer la démocratie sociale dans l'entreprise".
L'ancien ministre de l'Education nationale appelle également de ses voeux "un nouveau contrat entre l'école et la nation", qui "touchera à la question des pratiques, de l'organisation, du développement de l'alternance et de l'apprentissage, aussi bien que des moyens".
Revenant sur un thème qui lui cher, le Béarnais insiste ensuite sur la nécessaire "moralisation de la vie publique" en reprenant ses propositions (interdiction du cumul des mandats pour les députés, diminution des parlementaires, proportionnelle aux législatives...) inscrites dans une loi-cadre soumise à référendum. "Tout cela est urgent", insiste-t-il, en soulignant que le PS et l'UMP ont souvent pris des engagements en ce sens sans aller plus loin. "Or, cette moralisation est vitale pour que la confiance revienne entre citoyens et élus", fait-il valoir.
Européen convaincu, François Bayrou explique enfin que ce n'est pas "avec moins d'Europe que la France s'en sortira" mais avec "une Europe plus forte, solidaire et lisible". "Des millions de Français partagent ces valeurs. Ils seront attentifs aux orientations qui seront les vôtres durant la campagne du deuxième tour", conclut-il.