Le parti socialiste organisait ce week-end son université d’été, un rassemblement forcément très attendu après le virage opéré par Manuel Valls. Le Premier ministre a non seulement entrepris un remaniement du gouvernement excluant les voix discordantes, mais aussi multiplié les appels du pied au patronat, sans oublier la remise en cause partielle de la loi Alur élaborée par Cécile Duflot. Les frondeurs ont donc profité de ce grand raout pour se coaliser et hausser le ton. Sans pour autant perturber la venue de Manuel Valls, finalement plutôt bien accueilli.
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# MANUEL VALLS S’EXPLIQUE
"Vive la gauche" qui gouverne. Manuel Valls était convié dimanche pour clôturer cette université d’été. L’occasion pour lui de clarifier sa politique : une politique qui se revendique à gauche mais qui se veut aussi pragmatique. "J'aime les socialistes", a-t-il déclaré, comme en écho à son "j'aime l'entreprise", lancé mercredi à l'université d'été du Medef.
Et Manuel Valls de défendre "la gauche qui gouverne", celle qui ne "renonce jamais au réel" pour ne pas renoncer à "l'idéal". "Il n'y a pas d'un côté la gauche qui gouverne et de l'autre la gauche", estime-t-il, en réponse aux attaques des frondeurs. Bref, il a distillé les appels à l’unité, assurant que "ce qui nous unit doit être plus fort que nos différences" et demandant de faire "attention au poids des mots, à nos comportements".
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Austérité, 35 heures : RAS. Puis le Premier ministre s’est attardé sur les récentes polémiques : non, son gouvernement ne pratique "pas de l'austérité", a-t-il souligné à huit reprises, la réduction des déficits n'est "pas un but en soi". Et non, son gouvernement ne compte pas remettre en cause les 35 heures, comme aurait pu le laisser penser un entretien polémique accordé par le nouveau ministre de l’Economie, Emmanuel Macron.
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# LES FRONDEURS SE RASSEMBLENT
"Vive la gauche", un club pour les voix contestataires. Moins d’une semaine après le remaniement et la "clarification" de la ligne gouvernementale, notamment d’un point de vue économique, l’aile gauche du PS en a profité pour se rassembler et tenter de peser d’avantage. Les députés "frondeurs" ont donc lancé leur club "Vive la gauche", devant plusieurs centaines de personnes dans un amphithéâtre à l'ambiance surchauffée.
Taubira, invitée surprise. Alors que l'éviction d'Arnaud Montebourg pour contestation de la "seule ligne" gouvernementale était dans toutes les têtes, la ministre de la Justice Christiane Taubira a créé la surprise en venant brièvement assister au rassemblement. Cette visite, qui pouvait passer pour une provocation à l'égard de Manuel Valls, avec qui elle a eu souvent des relations tendues, a été dédramatisée par le Premier ministre. "C'est très bien que ça se passe ainsi, c'est bien que cette université d'été montre qu'il y a des débats, des discussions", a assuré Manuel Valls.
L’allié communiste n’est pas sur la ligne Valls. Ce rendez-vous a aussi été marqué par la présence du numéro un communiste Pierre Laurent, qui a toutefois prononcé samedi un discours sans concession à l'égard de la politique gouvernementale, accueilli de façon chaleureuse par les militants socialistes.
# REVOILA MONTEBOURG ET AUBRY
Montebourg, accueil mitigé. Arnaud Montebourg, le grand évincé du gouvernement, accueilli à la tribune sous les acclamations, mais aussi les sifflets des militants, a fait "l'éloge de l'intervention de l'Etat dans l'économie". Revenant sur son limogeage, il a jugé que c'était parfois le "destin" des "hommes d'Etat" de "se faire congédier" quand "ils ont parfois - pas toujours - raison".
Martine Aubry sort de son silence. Autre épisode notable de cette université d’été : la charge venue de Martine Aubry, pourtant l'un des grands absents du rassemblement, réclamant que sa ville de Lille et d'autres communes volontaires bénéficient de l'encadrement des loyers, limité vendredi à la capitale... par Manuel Valls. Tout en regrettant le timing choisi par l'ancienne patronne du PS, le président de l'Assemblée nationale, Claude Bartolone lui a, "sur le fond", donné raison. Finalement, Manuel Valls a laissé à la maire de Lille la possibilité d'expérimenter elle aussi, dans une interview au Journal du Dimanche.