Le déjeuner. Après sa présence remarquée au concert de Carla Bruni la veille, Nicolas Sarkozy a retrouvé vendredi les couloirs de l'Assemblée nationale, à l'occasion d'un déjeuner en hommage à Jacques Chaban-Delmas. Si ce rendez-vous ne signe pas encore le retour de l'ancien chef d'Etat sur la scène politique, il lui permet de ne pas se faire oublier. "Il fallait taper le 3615 Code j'existe. Il a pris la parole pour dire :'je ne vais pas vous parler d'actualité. Je veux m'extraire du quotidien'. Mais il a aussi dit : 'je prends du recul pour réfléchir'. Donc s'il réfléchit, c'est à l'avenir", estime ainsi l'éditorialiste d'Europe1 Catherine Nay, présente lors du repas. On vous résume ce qu'il fallait en retenir.
Son premier engagement politique. Pour "s'extraire du quotidien", quoi de mieux qu'un hommage à un grand homme du passé ? Le candidat déchu de la dernière présidentielle est en effet longtemps revenu sur celui qui l'a fait plonger dans le grand bain politique. "Il rendait hommage à Jacques Chaban-Delmas, son 'premier engagement en politique'. Il se souvient qu'à 20 ans, en 1974, il est allé au meeting de Boulogne-Billancourt. Et l'évènement l'a tellement marqué que ça l'a poursuivi jusqu'à aujourd'hui", raconte Catherine Nay.
La "nouvelle société". Mais l'ancien président de la République s'est attardé sur un autre aspect de la personnalité de Jacques Chaban-Delmas : son esprit novateur. "Il rendait hommage à un Chaban-Delmas Premier ministre qui, le 16 septembre 1969, quatre mois après le départ du Général de Gaulle, avait prononcé le discours de la 'nouvelle société' : un acte de rupture avec l'Etat gaulliste. Lui, Chaban, le résistant, le gaulliste, disait : 'ça suffit', si la France est bloquée, c'est à cause des archaïsmes syndicaux et surtout de trop d'Etat", détaille Catherine Nay.
Sarkozy "dans la roue de Chaban-Delmas". Si Nicolas Sarkozy ne se glisse toujours pas dans les lumières de l'actualité, celles du passé lui servent tout de même à éclairer le présent. "Sarko revient et fait une sorte d'exégèse de ce discours de Chaban-Delmas vieux de 39 ans qui, pour lui, n'a pas pris une ride. Quand il dit : 'à cause de cet Etat tentaculaire, on n'a pas fait les réformes qu'il fallait et on n'est pas dans la compétition internationale', on a l'impression que c'est aujourd'hui, que les choses n'ont pas bougé, qu'au contraire elles se sont accrues", poursuit Catherine Nay. Et de conclure : "lui, Sarkozy, homme de rupture avec le passé chiraquien, se met dans la roue de Chaban qu'il admire et dont il se fait le premier des disciples. Il dit : 'dans le fonds, je voudrais rester fidèle jusqu'au bout à sa pensée et à sa vision pénétrante'".