Une alliance à double tranchant. C'est l'homme qui monte sur la scène européenne. Matteo Renzi, président du Conseil italien depuis février, bénéficie d'une aura grandissante depuis la victoire écrasante de son parti social-démocrate aux élections européennes, sur fond de forte poussée eurosceptique. Un nouvel allié pour François Hollande, qui cherche à faire contrepoids à la puissance d'Angela Merkel au sein de l'Union européenne. Mais aussi un potentiel rival pour le président français, souligne la presse.
Pour l'instant, François Hollande préfère jouer la "carte Renzi". Samedi dernier, il l'a rencontré en tête-à-tête à l'Elysée, en marge d'un mini-sommet des dirigeants sociaux-démocrates européens. Et lors de la réunion qui a suivi, "François Hollande a tenu à faire asseoir Matteo Renzi en face de lui et lui a donné la parole en premier", selon l'entourage du dirigeant italien, cité par Libération.
Porter une ligne sociale-démocrate face à Merkel. Car pour Hollande, Matteo Renzi est un "allié, incontestablement", assure un très proche du président français aux Echos. Sur la même ligne de centre gauche, les deux dirigeants peuvent espérer faire bloc pour faire valoir leur vision de la politique européenne, face à l'intransigeance d'Angela Merkel sur la réduction des déficits. Surtout au moment où se déroulent des négociations décisives sur la composition de la future Commission de Bruxelles, et alors que l'Italie prendra le 1er juillet la présidence tournante de l'Union.
Fort de sa jeunesse (39 ans), de son dynamisme et de sa popularité, Matteo Renzi incarne un renouveau qui pourrait s'avérer utile à un Hollande fragilisé. Le locataire de l'Elysée l'a bien noté lors des sommets européens. "Il est plus jeune que les autres et, dans une Europe où les chefs d'État ont entre 50 et 60 ans, ça se voit", a-t-il récemment remarqué devant des visiteurs, rapporte Le Figaro.
Un potentiel rival. Mais le "phénomène Renzi" est à double tranchant pour François Hollande. Car le risque avec un tel allié, c'est qu'il finisse par devenir un rival en éclipsant le président français. C'est pourquoi, à l'Elysée, on s'emploie aussi à nuancer la nouvelle aura de l'Italien. "Renzi a le rythme, un certain courage", concède un conseiller dans Le Figaro. "Mais il faut qu'il "délivre". Il est sur la corde raide, obligé de gagner tout le temps". Manière de dire qu'au-delà des paroles, le président du Conseil va devoir obtenir des résultats. Les proches du chef de l'Etat aussi appellent aussi à se méfier des effets de mode. Renzi "peut être une étoile filante", prévient-on à l'Elysée, selon Les Echos.
Enfin, l'entourage du président insiste sur le poids relatif de l'Italie en Europe, loin d'égaler l'axe franco-allemand. Pour un collaborateur de Hollande cité par Libération, "aujourd'hui, il y a trois voix qui comptent : celles de Hollande, de Merkel et de Draghi", le président de la Banque centrale européenne. Manière de signifier que malgré toutes ses qualités, Matteo Renzi ne boxe pas dans la même catégorie que François Hollande.
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