Pour le meilleur et pour le pire, ils lui ont répondu. En l’espace de trois jours, plus de 2.400 internautes ont laissé un message sur la page Facebook de Nicolas Sarkozy en vue de son intervention télévisée sur France 2. Vendredi, le chef de l’Etat les avait invités à "lui faire part des sujets qui les intéressent et à lui poser des questions".
Certains prennent le message très au sérieux et ont de réelles interrogations, d’autres en profitent pour lui adresser pêle-mêle requêtes personnelles, conseils en tout genre, messages de sympathie ou d’insultes. Avec une question, récurrente : Nicolas Sarkozy va-t-il vraiment prendre le temps de lire les commentaires ?
A l’Elysée, on assure avoir remonté les "tendances" au chef de l'Etat lundi matin. Une manière "de prendre le thermomètre pour mesurer l’opinion". Nicolas Sarkozy prendra en compte cette "compilation des attentes des Français" dans ses réponses aux questions de David Pujadas, assure-t-on de même source.
Mais le service de com' de l’Elysée étant sûrement débordé, Europe1.fr l’aide à décrypter les commentaires … :
L’ami trahi
Il fait partie des déçus du sarkozysme. S’appuyant sur les promesses de campagne de son candidat, l’ami désabusé fait le bilan et enrage. "Président du pouvoir d'achat... Ah ah ah ! On a beau travailler plus, on gagne moins et on ne vit plus". Emploi des seniors, pensions d’invalidité, petits salaires sont les griefs qui reviennent en boucle dans ses commentaires.
Les polémiques et "affaires en tout genre" en ont dégôuté certains. "J'ai voté pour vous... et j'ai cru en vous... Mais il y a eu Jean… Et les cigares de Blanc. Moi si j'avais été président c'était dehors sur-le-champ". Bref, d’ici 2012, l’ami trahi ne veut plus entendre parler du "yacht de Bolloré, du parc automobile de l’Elysée ou des logements de fonction". Il exige du chef de l’Etat que lui et ses ministres se serrent la ceinture. Déçu, il n’a pas prévu de renouveler sa confiance au président. A moins que…
L’ami intéressé
Lui n’a pas compris la différence entre le mur et le message personnel sur Facebook. Peu coutumier des réseaux sociaux, il écrit au chef de l’Etat dans l’espoir d’obtenir un tête à tête. L’ami intéressé laisse l’adresse de son restaurant "pour parler des problèmes des PME", s’inquiète de ne pas avoir eu de réponse à sa demande d’entretien. Bref, ses préoccupations ne tournent pas autour de l’avenir du pays mais de son avenir à lui ! Il cherche à attendrir : "Monsieur le président, je suis extrêmement déçue de ne pas avoir été invitée au défilé militaire en tribune alors que j'en avais fait la demande dès le mois de février. Je suis triste".
L’ami familier
Il parle au président comme il parlerait à un pote. En mode "Casse toi pauv’con" et en langage SMS. Exemple : pour expliquer son désaccord avec le report de l’âge légal à la retraite : "Les retraite juska au moin 62 ans pr ns l jeunes de mtn tu ve kon aill travailler juska ten kon creve ou koi???? non m nptk lui". "Pourquoi augmenter l'age des retraites ? yorai pa un truc plus simple ?". Même s’il n’est pas toujours facile à comprendre, l’ami familier devrait être pris en considération par le président. Jeune, un peu déboussolé, il est inquiet sur son avenir et se demande "s’il aura une retraite un jour".
L’ami indéfectible
Il vénère son président, lui adresse "ses plus sincères encouragements" et l’exhorte à garder le cap coûte que coûte. L’ami indéfectible ne veut pas que le chef de l’Etat s’abaisse à répondre sur le dossier Bettencourt-Woerth. Il fustige l’opposition et les journalistes et lui conseille même "de camoufler toute cette affaire". Les 150.000 euros pour financer la campagne présidentielle de 2007 (NDLR : si les faits sont avérés) ne l’offusquent pas car "financer un parti politique, ça doit coûter très cher".
L’ami CSP +
"Monsieur le Président, je pense qu'il serait intéressant de parler des perspectives économiques et industrielles, notamment les prévisions de croissance de la France et l'état de nos comptes publics. En vous remerciant". Respectueux de la fonction présidentielle, l’ami intello profil CSP+ a pris l’invitation du chef de l’Etat très au sérieux. Il pose des questions pointues dans le domaine économique et s’inquiète d’un éventuel abandon du bouclier fiscal. Il demande au professeur Sarkozy de faire la leçon à ses compatriotes : "Pourriez-vous faire un point sur une éventuelle reprise économique car il y a trop de psychose sur la crise". L’ami CSP+ apporte toujours son soutien au chef de l’Etat. A une condition : la poursuite des réformes économiques.