En trois débats, les lignes peuvent encore bouger. Jeudi soir sur France 2, les candidats à la primaire PS se retrouveront pour un premier débat qui constitue un enjeu de taille pour les six aspirants à l’investiture socialiste. Ayant tous signé le même programme, ils savent, en effet, que tout se jouera sur des détails. Sur quoi misent-ils pour cette confrontation ? La réponse au cas par cas.
HOLLANDE, AUBRY SUR DU VELOURS
Hollande, le candidat qui a le plus à perdre - "Sa place de favori oblige François Hollande à s’interdire de critiquer et même d’attaquer ses concurrents. En somme, il doit être prudent, sans toutefois tomber dans l’écueil de ne rien dire", explique à europe1.fr, Gaël Sliman, directeur adjoint de BVA opinion. François Hollande doit, d’un côté, conserver la bonne dynamique dans laquelle il se trouve : en débutant sa campagne sur la fiscalité, il a gagné en crédibilité économique. Mais, d’un autre côté, il se doit également d'envoyer des signaux aux électeurs à gauche de la gauche qui pourraient se déplacer en masse le 9 et 16 octobre prochain.
Aubry, à la recherche du coup d’éclat - Désormais distancée dans les sondages - elle engrange dix points de moins que Hollande -, la maire de Lille, elle, doit être plus dans l’action si elle veut se relancer. Mais, "elle ne devra se garder de donner le sentiment 'd’agresser' François Hollande", met en garde l’analyste de BVA. Si c’était le cas, elle pourrait faire une chute vertigineuse dans les sondages, prédit-il, "jusqu’à perdre 10 ou 15% d’intentions de vote". "Martine Aubry peut toutefois se permettre des critiques sous-jacentes du type : j’ai su redresser le PS, alors que tout allait mal". En creux, les téléspectateurs comprendront que le PS était mal géré du temps de Hollande. Confiante, l’ex-Première secrétaire du PS a invité ses partisans à se réunir "partout" pour suivre le débat.
CEUX QUI ONT INTERET A ATTAQUER
Royal, dans le rôle du challengeur - Créditée de seulement 13 % des intentions de vote, Ségolène Royal est désormais plus proche des "petits candidats" que des deux favoris. Elle devra donc jouer son va-tout, jeudi soir, pour inverser la tendance. Pour ce premier débat, elle mise sur l'expérience de la primaire de 2006, qu'elle avait remportée face à des candidats aussi chevronnés que Laurent Fabius et Dominique Strauss-Kahn. Reste que ses récentes attaques contre les favoris des sondages ont été mal perçues dans l’opinion où elle a désormais l’image "d’une diviseuse". La présidente de Poitou-Charentes devra donc éviter le piège de la pique de trop, fatale sur petit écran.
Montebourg, poursuivre sa percée à gauche - De son côté, Arnaud Montebourg espère que cette première confrontation sera d'abord un débat d'idées et pas "de personnes". Le thème de la crise économique devrait lui permettre de développer son concept fétiche de "démondialisation" et d’aller chercher les électeurs proches du Front de gauche ou du NPA qui iront voter à la primaire.
Valls, à l’offensive - Faisant partie des petits candidats, l’élu de l’Essonne a tout intérêt à se monter offensif et à faire valoir sa différence. Interrogé sur le débat, il a assuré vouloir se monter "respectueux" mais aussi "agitateur d'idées".
Baylet, enfin sous les projecteurs - Quant à Jean-Michel Baylet, candidat PRG, il veut croire qu'il pourra, à l’occasion de ce débat, "expliquer en quoi son projet est différent" de celui des socialistes. Presqu'inconnu du grand public, il se verra offrir une tribune de choix pour présenter ses idées. Une lumière dont il a bien besoin : pour le moment, il n’est crédité que de 1% des intentions de vote à la primaire.